20 Minutes

« Un clivage radical entre les pénétrants et les pénétrés »

- Propos recueillis par Fabien Randanne

Olivia Gazalé Enseignant­e en philosophi­e et auteure du livre Le Mythe de la virilité (éd. Laffont)

L’un des chapitres de votre livre s’intitule « Entrer : l’exigence de pénétratio­n ». Est viril celui qui pénètre, et non celui qui est pénétré ? Il ne s’agit pas de porter un jugement de valeur sur ces pratiques, mais d’observer comment elles ont été considérée­s au cours de l’histoire. Or, dès la Rome antique s’opère un clivage radical entre les pénétrants (les citoyens, les maîtres) et les pénétrés (souvent de jeunes esclaves). Les catégories d’homosexual­ité et d’hétérosexu­alité telles que nous les entendons aujourd’hui n’existaient pas. La virilité, c’est la pénétratio­n active; la dévirilisa­tion, c’est la pénétratio­n passive. Vous citez des insultes comme « Je t’encule » ou « Je te nique » qui, paradoxale­ment, sont parfois proférées par des non-homosexuel­s… De nombreuses métaphores assimilent le pénis à une arme : pistolet, fusil, gourdin… C’est dire que celui qui profère ce type de phrases parle de la puissance de son membre et de sa capacité à anéantir l’autre. Les hommes devraient-ils se remettre en question ? L’oppression de l’homme par l’homme, l’homophobie, la confusion entre efféminati­on et homosexual­ité sont des sujets dont on s’empare trop peu. Il y a un donc vrai travail de pédagogie à fournir sur ce sujet.

 ??  ?? L’enseignant­e Olivia Gazalé.
L’enseignant­e Olivia Gazalé.

Newspapers in French

Newspapers from France