20 Minutes

Belleau emballe tout le monde

A 21 ans, le Toulonnais pourrait être titulaire avec les Bleus face à la Nouvelle-Zélande

- A Marseille, Jean Saint-Marc

Monflanqui­n, c’est le genre de patelin du Sud-Ouest qui ne vit que pour le rugby, ou presque – il y a la chasse à la palombe, aussi. Et le jour de gloire va arriver : samedi, un gamin du village devrait connaître sa première Marseillai­se. Sauf surprise, Anthony Belleau va être aligné à l’ouverture par Guy Novès. Pas un cadeau, d’ailleurs, que de se farcir les Blacks à 21 ans, après seulement 22 matchs chez les pros. Bertrand Paillé, le président de l’US Monflanqui­n en tremble déjà : « Si Anthony se fait passer trois fois d’affilée, c’est mort pour lui, les médias ne lui laisseront pas sa chance. » Son grand frère, Cyril, « n’aimerait pas être à sa place. Mentalemen­t, il faut être costaud quand tout arrive comme ça d’un coup. » Tout est arrivé en une soirée, effectivem­ent. En demi-finale du Top 14, avec Toulon, le « drôle » (on ne dit pas « minot » dans le Lot-et-Garonne) fait un match énorme et passe le drop de la gagne à la sirène. Mourad Boudjellal déchire le contrat de prêt qui devait l’envoyer à Agen. Des internaute­s créent sa page Wikipédia. En quelques heures, Anthony Belleau est passé de quasi-inconnu à petit prodige du rugby français.

Ball-trap et petite bière

Pour ses proches, ce n’est même pas une surprise. « Je sais ce qu’il vaut », lâche, comme une évidence, son père Didier. Léo était avec Anthony à l’école de rugby : « Son histoire est ouf, de l’extérieur. Mais, à Monflanqui­n, on savait qu’il allait percer, il était tellement au-dessus. » L’autre frère Belleau, Damien, va encore plus loin : « Ce qui nous a surpris, c’est qu’il fasse la tournée de novembre. On pensait qu’il serait plutôt appelé en février ! » Damien Belleau est intarissab­le pour décrire le frère prodige : « Il est bon au tennis, à la pétanque… Même au ball-trap, alors qu’il n’est pas chasseur! » Grand talent, mais gros bosseur : ado, Belleau s’imposait des séances de fractionné et butait tout seul, dans son jardin. Comme son idole, Jonny Wilkinson. Il imitera aussi son mode de vie, ascétique, à son arrivée à Toulon. Un peu trop, selon ce proche : « Il s’était vachement fermé et se privait de tout. Il a fallu lui faire comprendre que ce n’était pas une petite bière qui allait tuer sa carrière. » Plus politique, Bertrand Paillé décrit un « bon vivant » à l’US Monflanqui­n : « C’est le gamin du village qui est arrivé tout en haut, c’est vrai. Mais il sait d’où il vient. Et où il reviendra. »

 ??  ?? Le jeune Anthony Belleau est très doué, mais il bosse aussi beaucoup.
Le jeune Anthony Belleau est très doué, mais il bosse aussi beaucoup.

Newspapers in French

Newspapers from France