20 Minutes

Les meilleurs vivent le pire

Insultes, coups, humiliatio­ns… A l’occasion de la Journée de lutte contre le harcèlemen­t scolaire, « 20 Minutes » a récolté les témoignage­s de bons élèves victimes de violences.

- Delphine Bancaud

Al’heure où la société valorise tant la réussite scolaire, dans les cours de récréation, c’est loin d’être le cas. Des élèves sont régulièrem­ent agressés ou mis à l’écart en raison de leurs bonnes notes. Un phénomène à propos duquel ont témoigné les internaute­s de 20 Minutes, qui s’est penché sur la question à l’occasion, ce jeudi, de la Journée de lutte contre le harcèlemen­t scolaire. Pauline a vécu l’enfer : « Bonne élève, très curieuse, j’adorais discuter avec mes professeur­s à la fin des cours. J’allais passer mes récréation­s au CDI à lire, j’étais studieuse et, surtout, j’aimais apprendre. Une hérésie dans mon collège où les profs étaient les “ennemis”. Mes camarades m’insultaien­t continuell­ement, me disaient que j’avais des bonnes notes uniquement parce que je “suçais les profs”. »

Déstabilis­és durant leur scolarité, ces anciens élèves harcelés conservent des séquelles.

Outre les insultes, Claire, elle, s’est retrouvée mise à l’écart, car « considérée comme l’intello de service ». Pour ce qui est d’Aurélie, elle a enduré des humiliatio­ns en tout genre : « Poil à gratter, jet de boue, rumeurs de maladies graves, et même les menaces de mort. » Quant à Juliette, elle se remémore avec effroi ce jour où « un garçon m’a frappée au ventre ». Pour ne pas être confrontée­s à leurs agresseurs, certaines victimes ont adopté des stratégies d’évitement : déserter la cour d’école, donner des réponses volontaire­ment fausses aux profs pour éviter les moqueries. Beaucoup regrettent aujourd’hui encore, comme Laurent, « le manque de soutien de la part des enseignant­s et de l’administra­tion, qui avaient d’autres chats à fouetter ». Il faut toutefois souligner que peu d’entre eux ont osé faire part de leur souffrance : « J’avais honte », avoue ainsi Berte. Déstabilis­és durant leur scolarité, ces bons élèves confient conserver des séquelles de ce qu’ils ont vécu à l’époque. « A 22 ans, je n’ai absolument pas confiance en moi, je ne supporte pas mon reflet dans le miroir, car je ne cesse d’entendre les insultes qui ont rythmé mon quotidien durant tout ce temps », livre Sara. Un sentiment partagé par Laurent : « J’ai conservé beaucoup de colère face à tout ça. Et aussi de la méfiance et de la peur envers l’être humain. »

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 ??  ?? Insultes, coups... Certains élèves vivent parfois l’enfer à cause des bonnes notes qu’ils obtiennent en cours.
Insultes, coups... Certains élèves vivent parfois l’enfer à cause des bonnes notes qu’ils obtiennent en cours.

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