« Peut-être qu’elle l’a mal pris »
Jugé pour agression sexuelle, le rugbyman fidjien Raisuque sera fixé sur son sort fin janvier
Une « histoire de beuverie qui aurait mal tourné », mais qui prend un relief particulier au regard de la notoriété des prévenus et du débat de fond sur les violences faites aux femmes. Mercredi, Waisea Nayacalevu Vuidravuwalu et Josaia Raisuqe, deux rugbymen fidjiens du Stade Français, comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Paris pour violence en état d’ivresse, mais aussi agression sexuelle pour le second. Il est plus précisément accusé d’avoir touché, sans son consentement, la poitrine de Jessica, une femme de 35 ans, puis aurait, avec son compatriote, frappé ses deux amis qui tentaient de s’interposer.
Une bousculade ?
Tout au long de l’audience, Josaia Raisuqe n’a eu de cesse de nier en bloc les accusations. S’il reconnaît avoir trop bu – une douzaine de pintes et « beaucoup de vodka » – il estime que les faits relèvent avant tout d’une bousculade. La nuit du 22 au 23 juillet, à la sortie du club Nuits Fauves, dans le 18e arrondissement de Paris, « il y avait beaucoup de monde, je poussais les gens pour sortir, peut-être qu’elle l’a mal pris », a martelé l’ailier (licencié pour faute grave du Stade Français, il a rejoint le club de Nevers). Pourtant, fait remarquer la présidente, les trois amis étaient appuyés contre un mur, et donc « ne gênaient pas le passage ». Sur le banc des parties civiles, Jessica soupire. Elle se souvient que « ce n’était pas le métro à l’heure de pointe », et aussi qu’il lui était impossible de repousser Josaia Raisuqe, 1,90 m et 104 kg non mouillé, lorsqu’il lui a saisi les seins. Lyes, l’un des amis de Jessica, n’a vu que partiellement la scène car, quasiment simultanément, Waisea Nayacalevu Vuidravuwalu lui aurait décoché un coup de poing après qu’il a refusé de lui donner une cigarette. Il a pris un second coup lorsqu’il a tenté d’empêcher, avec une amie, Camille – également partie civile, car elle a aussi été frappée – les deux hommes de partir en taxi. Lui s’est vu prescrire trois jours d’incapacité totale de travail (ITT), elle deux jours. Waisea Nayacalevu Vuidravuwalu reconnaît avoir « peut-être » porté des coups, mais de manière « non intentionnelle ». « Si j’avais l’intention de frapper quelqu’un, l’ITT aurait dépassé huit jours », lance-t-il du haut de son mètre quatre-vingt-treize et de ses 107 kg. « Ce n’est pas une petite agression sexuelle. C’est une agression sexuelle », a tempêté le procureur qui a requis douze mois de prison avec sursis à l’encontre de Josaia Raisuqe, assortis d’une obligation de soins, et de six mois avec sursis contre Waisea Nayacalevu Vuidravuwalu. Le jugement a été mis en délibéré au 30 janvier.