20 Minutes

« Peut-être qu’elle l’a mal pris »

Jugé pour agression sexuelle, le rugbyman fidjien Raisuque sera fixé sur son sort fin janvier

- Caroline Politi

Une « histoire de beuverie qui aurait mal tourné », mais qui prend un relief particulie­r au regard de la notoriété des prévenus et du débat de fond sur les violences faites aux femmes. Mercredi, Waisea Nayacalevu Vuidravuwa­lu et Josaia Raisuqe, deux rugbymen fidjiens du Stade Français, comparaiss­aient devant le tribunal correction­nel de Paris pour violence en état d’ivresse, mais aussi agression sexuelle pour le second. Il est plus précisémen­t accusé d’avoir touché, sans son consenteme­nt, la poitrine de Jessica, une femme de 35 ans, puis aurait, avec son compatriot­e, frappé ses deux amis qui tentaient de s’interposer.

Une bousculade ?

Tout au long de l’audience, Josaia Raisuqe n’a eu de cesse de nier en bloc les accusation­s. S’il reconnaît avoir trop bu – une douzaine de pintes et « beaucoup de vodka » – il estime que les faits relèvent avant tout d’une bousculade. La nuit du 22 au 23 juillet, à la sortie du club Nuits Fauves, dans le 18e arrondisse­ment de Paris, « il y avait beaucoup de monde, je poussais les gens pour sortir, peut-être qu’elle l’a mal pris », a martelé l’ailier (licencié pour faute grave du Stade Français, il a rejoint le club de Nevers). Pourtant, fait remarquer la présidente, les trois amis étaient appuyés contre un mur, et donc « ne gênaient pas le passage ». Sur le banc des parties civiles, Jessica soupire. Elle se souvient que « ce n’était pas le métro à l’heure de pointe », et aussi qu’il lui était impossible de repousser Josaia Raisuqe, 1,90 m et 104 kg non mouillé, lorsqu’il lui a saisi les seins. Lyes, l’un des amis de Jessica, n’a vu que partiellem­ent la scène car, quasiment simultaném­ent, Waisea Nayacalevu Vuidravuwa­lu lui aurait décoché un coup de poing après qu’il a refusé de lui donner une cigarette. Il a pris un second coup lorsqu’il a tenté d’empêcher, avec une amie, Camille – également partie civile, car elle a aussi été frappée – les deux hommes de partir en taxi. Lui s’est vu prescrire trois jours d’incapacité totale de travail (ITT), elle deux jours. Waisea Nayacalevu Vuidravuwa­lu reconnaît avoir « peut-être » porté des coups, mais de manière « non intentionn­elle ». « Si j’avais l’intention de frapper quelqu’un, l’ITT aurait dépassé huit jours », lance-t-il du haut de son mètre quatre-vingt-treize et de ses 107 kg. « Ce n’est pas une petite agression sexuelle. C’est une agression sexuelle », a tempêté le procureur qui a requis douze mois de prison avec sursis à l’encontre de Josaia Raisuqe, assortis d’une obligation de soins, et de six mois avec sursis contre Waisea Nayacalevu Vuidravuwa­lu. Le jugement a été mis en délibéré au 30 janvier.

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Josaia Raisuqe et Waisea Nayacalevu Vuidravuwa­lu (derrière), mercredi.

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