Un défi de taille pour Paris
DISCRIMINATION La Ville s’engage dans la lutte contre la grossophobie
«Baleine », « grosse vache », « Baloo ». Ces insultes, Alixia les entend depuis toute petite. A 25 ans, cette habitante des Hauts-de-Seine pèse 100 kg, et ce à cause d’une thyroïde instable. « Dans les transports, les gens me lancent des regards de dégoût et ne s’assoient pas à côté de moi », poursuit cette jeune femme victime au quotidien de grossophobie. Un terme non entré dans le dictionnaire à ce jour, mais qui désigne les attitudes et comportements hostiles qui stigmatisent et discriminent les personnes grosses, en surpoids, obèses. Pour faire face à ce phénomène exacerbé dans la capitale de la mode, selon Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris chargée, entre autres, des questions relatives à l’égalité femmes-hommes, la Ville lance, vendredi, dans le cadre de la Semaine de lutte contre les discriminations, l’événement « Grossophobie, stop ! Ensemble réagissons ». Jes Baker, pionnière du Body Positive aux EtatsUnis, sera l’invitée d’honneur de cette journée qui proposera notamment des tables rondes ou encore un défilé de mode grande taille.
Moins recrutés
Faire en sorte que les personnes de forte corpulence « s’inscrivent de plein droit dans la ville », et dans le monde du travail, comme le souhaite Hélène Bidard, est un défi majeur. Dans On ne naît pas grosse (éd. Goutte d’Or), Gabrielle Deydier souligne que, si 15 % de l’ensemble de la population est au smic, le taux grimpe à 26 % chez les Français obèses. Et de rappeler, dans L’Express, que « pour les pauvres qui souhaitent faire plaisir à leur enfant, acheter un Happy Meal à 4 € reste moins cher qu’une place de cinéma ». « Quand je postule à un emploi, une amie qui a des compétences inférieures est retenue. Pas moi », constate Alixia, qui est loin d’être seule dans cette situation. En France, 15 % des adultes sont concernés par l’obésité, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et, d’après le baromètre du Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT), 20 % des demandeurs d’emploi obèses disent avoir été discriminés à l’embauche. Sans compter les moqueries, les remarques désobligeantes et les injures. De la part d’inconnus, de proches, voire du corps médical. Aniela, 22 ans, est elle aussi victime de grossophobie. « Mon père ne manque pas une occasion de me rappeler mon surpoids. Tant et si bien que je n’assiste plus aux réunions de famille », glisse-t-elle. Quant à son médecin, il ne cesse de lui asséner : « Vous ne vivrez pas vieille. » « Le regard des gens est destructeur », résume-t-elle. Une réalité confirmée par certains internautes de 20 Minutes après l’appel à témoins lancé sur le sujet. Exemple : « Ils saoulent, les gros. Ils coûtent cher à la Sécu en plus. Et ils bouffent plus que de raison et ne font pas de sport. »