Le « brown-out », pire que de l’ennui
Le manque de sens et d’envie dans sa vie professionnelle sont les marqueurs de cette maladie
Après le célèbre burn-out, un trop-plein de boulot et de stress qui essore, les médecins se penchent sur le « brown-out » « chute de tension » en anglais). « C’est une baisse de tension et d’attention au travail, résume François Baumann, auteur de Brown-out, quand le travail n’a plus aucun sens (éditions Josette Lyon). Une prise de conscience brutale de l’absurdité de son métier qui paralyse. » Si les symptômes sont les mêmes que le burn-out, la cause du « brown-out » est différente. Il s’agit d’une perte de sens, d’une déception, d’une désillusion. « Les conséquences de cette déclinaison de la souffrance au travail sont parfois plus graves, car c’est une remise en cause complète de la personne », précise le Dr Baumann. Comme pour toute souffrance aiguë au travail, ces personnes risquent de tomber dans un état dépressif. « Le mot qui revient souvent dans la bouche de mes patients, c’est ‘‘vide’’, reprend le médecin. Toutes ces maladies en ‘‘out’’ rappellent bien qu’elles poussent vers la sortie… » Comprenez qu’elles risquent de mener au suicide. Une pathologie chronique « Les premiers signes de mon malaise sont apparus rapidement : troubles de la digestion, atteintes dermatologiques, insomnies, perte de poids, vertiges », se souvient Isabelle. « A la différence d’une fatigue passagère, le brown-out est une pathologie chronique, qui s’installe à bas bruit et va se manifester de façon brutale par une absence totale de réaction », complète François Baumann. Et cette désillusion s’étend à tous les domaines : loisirs, famille et amis. « A partir d’un manque de reconnaissance, d’une absence de motivation au travail, on se décourage pour le reste. Beaucoup de patients vivent d’ailleurs des ruptures familiales sans faire le lien avec leur souffrance au travail. » Le sentiment d’être débordé, de ne pas trouver d’issue et d’apporter une importance démesurée au regard des autres peuvent également alerter. Au-delà d’un arrêt de travail, d’une thérapie et d’antidépresseurs, les médecins invitent à s’interroger sur ses désirs, son métier, mais aussi l’organisation du travail. Après, prendre de grandes décisions peut se traduire par un changement de département au sein d’une même entreprise, de société ou même de métier. Marie, 37 ans, a choisi de laisser sa blouse d’infirmière pour devenir naturopathe. « J’ai retrouvé un sens dans mon métier, je me lève avec joie pour me rendre à mon cabinet, j’aime ce que je fais et je me sens enfin utile », assure-t-elle.