La journaliste remet en cause le système médiatique
L’ex-journaliste de «L’Obs» publie «La Pensée en otage»
La douceur de sa voix tranche avec la sévérité du constat. Un peu plus d’un an après Le Monde libre, Aude Lancelin a publié mercredi La Pensée en otage (éd. Les Liens qui libèrent), une description alarmante de la santé des médias. L’ex-directrice adjointe de L’Obs, licenciée en mai 2016, décortique volontiers son ouvrage et évoque sa collaboration avec Le Média, une webtélé de gauche, qui sera lancé le 15 janvier.
Vous décrivez la pensée en otage, c’est d’ailleurs le titre de votre livre. Qu’est-ce qu’une pensée libre ? Vaste question. Je constate en tout cas que les moyens ne sont pas fournis au public pour se constituer un avis éclairé sur les questions politiques ou d’intérêt général. Tout le circuit de l’information est pollué, et il ne faut pas se faire trop confiance. En réalité, tout le monde est dupe. Dans une démocratie avec un suffrage universel, comme dans un mariage, quand il n’y a pas de consentement éclairé quand vous votez, on pourrait considérer que le consentement est nul. C’est un peu la situation que nous vivons aujourd’hui à cause des médias. Quelle est la solution pour faire sortir les médias dominants de l’impasse que vous décrivez ? Seule une nouvelle législation pourrait interdire à certains types d’industriels de posséder plus d’un certain nombre de médias. Il faut des seuils anticoncentration très stricts. Il faudrait aussi que certains types d’activités soient exclus des médias, comme les télécoms ou l’armement. Celles qui vous mettent en lien de sujétion directe avec l’Etat. Vous expliquez bien comment la pensée est verrouillée, mais on a du mal à entrevoir une solution… L’aspect démolition est plus présent que les solutions, c’est vrai. Je viens de rejoindre Le Média, c’est l’une des réponses à cette crise. Il y a un manque de pluralisme patent dans la représentation des idées dans le pays.