20 Minutes

La détection met les gaz

La France mise sur de nouveaux satellites pour mesurer le CO2

- Fabrice Pouliquen

Limiter le réchauffem­ent climatique bien en deçà de 2 °C d’ici à 2100. Pour atteindre cet objectif internatio­nal fixé par l’Accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre (GES), première cause de ce réchauffem­ent, devront être réduites de moitié tous les dix ans. Encore faudrait-il être en mesure de connaître précisémen­t leurs émissions actuelles. A ce jour, en effet, leur inventaire repose pour l’essentiel sur des données statistiqu­es de consommati­on énergétiqu­e que fournissen­t chaque année les pays. Or, ces dernières peuvent être incertaine­s, ou invérifiab­les. La chaire industriel­le Trace lancée mardi à Paris pourrait y remédier. Sélectionn­é par l’Agence nationale de recherche, ce programme français cofinancé par Suez, Thales Alenia Space et Total vise à développer sur quatre ans de meilleures méthodes de suivi des émissions anthropiqu­es (produites par l’homme) de deux puissants GES : le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane. Pour ce faire, la chaire Trace, qui compte une vingtaine de scientifiq­ues, va se pencher davantage sur les satellites artificiel­s.

Capteurs de méthane

GoSat, lancé par le Japon en 2009, puis Orbiting Carbon Observator­y-2 (OCO-2), mis en orbite en 2014 par la Nasa, étaient déjà consacrés à la mesure des niveaux de dioxyde de carbone. « Mais les capteurs embarqués ne permettaie­nt de faire des mesures que sur les zones survolées. On n’avait pas de données en continu », explique Philippe Ciais, directeur de recherche au Laboratoir­e des sciences du climat et de l’environnem­ent (LSCE), qui coordonner­a l’équipe de scientifiq­ues. La chaire Trace compte ainsi mettre sur pied une deuxième génération de de satellites, capables d’améliorer les images recueillie­s, et aussi de couvrir toute la Terre en un jour, à l’image du satellite Modis de la Nasa, consacré, lui, à l’observatio­n de la biosphère. Le programme français comprend un second volet. Il vise à développer des mini-capteurs, positionné­s au sol cette fois-ci, autour des sites industriel­s. Ils permettron­t de déterminer très précisémen­t les quantités de méthane. Les émissions de ce dernier GES sont difficiles à estimer, car elles résultent de fuites lors de l’extraction et de la distributi­on des hydrocarbu­res et du charbon, ou encore lors de la fermentati­on de déchets enfouis sous terre. Des capteurs existent déjà, mais ils coûtent 60 000 €. L’objectif est de ramener ce coût à 600 €, envisage Philippe Ciais.

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Les satellites actuels ne donnent pas de données en continu.

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