La détection met les gaz
La France mise sur de nouveaux satellites pour mesurer le CO2
Limiter le réchauffement climatique bien en deçà de 2 °C d’ici à 2100. Pour atteindre cet objectif international fixé par l’Accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre (GES), première cause de ce réchauffement, devront être réduites de moitié tous les dix ans. Encore faudrait-il être en mesure de connaître précisément leurs émissions actuelles. A ce jour, en effet, leur inventaire repose pour l’essentiel sur des données statistiques de consommation énergétique que fournissent chaque année les pays. Or, ces dernières peuvent être incertaines, ou invérifiables. La chaire industrielle Trace lancée mardi à Paris pourrait y remédier. Sélectionné par l’Agence nationale de recherche, ce programme français cofinancé par Suez, Thales Alenia Space et Total vise à développer sur quatre ans de meilleures méthodes de suivi des émissions anthropiques (produites par l’homme) de deux puissants GES : le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane. Pour ce faire, la chaire Trace, qui compte une vingtaine de scientifiques, va se pencher davantage sur les satellites artificiels.
Capteurs de méthane
GoSat, lancé par le Japon en 2009, puis Orbiting Carbon Observatory-2 (OCO-2), mis en orbite en 2014 par la Nasa, étaient déjà consacrés à la mesure des niveaux de dioxyde de carbone. « Mais les capteurs embarqués ne permettaient de faire des mesures que sur les zones survolées. On n’avait pas de données en continu », explique Philippe Ciais, directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), qui coordonnera l’équipe de scientifiques. La chaire Trace compte ainsi mettre sur pied une deuxième génération de de satellites, capables d’améliorer les images recueillies, et aussi de couvrir toute la Terre en un jour, à l’image du satellite Modis de la Nasa, consacré, lui, à l’observation de la biosphère. Le programme français comprend un second volet. Il vise à développer des mini-capteurs, positionnés au sol cette fois-ci, autour des sites industriels. Ils permettront de déterminer très précisément les quantités de méthane. Les émissions de ce dernier GES sont difficiles à estimer, car elles résultent de fuites lors de l’extraction et de la distribution des hydrocarbures et du charbon, ou encore lors de la fermentation de déchets enfouis sous terre. Des capteurs existent déjà, mais ils coûtent 60 000 €. L’objectif est de ramener ce coût à 600 €, envisage Philippe Ciais.