20 Minutes

Sans photos, la fête est plus folle ?

Le 824 heures impose à ses clients une gommette sur la caméra de leur téléphone

- Romain Lescurieux

Ce qu’il se passe à l’intérieur… reste à l’intérieur. Situé dans le 11e arrondisse­ment, le 824 heures agite depuis quelques mois le monde de la nuit parisienne. Le concept du club, outre son caractère éphémère : une programmat­ion communiqué­e à la dernière minute et l’interdicti­on totale de prendre des photos à l’intérieur. Une dernière règle empruntée au Berghain, sanctuaire de la fête techno à Berlin, où une gommette est apposée sur la caméra du téléphone portable des clients. « L’idée nous est venue en essayant de voir comment nous pouvions monter le bar le plus libre possible, indique Aurélien Delaeter, porte-parole de Bonjour/ Bonsoir, l’agence derrière le 824 heures, mais aussi le Badaboum, le Panic Room et les croisières Safari Boat. En fait, nous nous sommes rendu compte que cette liberté, consommée la nuit, était freinée par la représenta­tion que nous avions de nous-mêmes, notamment via des réseaux sociaux branchés en permanence. »

Déconnexio­n, droit à l’oubli

Au 824 heures, tout serait donc possible, sans regards, jugements, ni objectifs braqués sur soi. Le but : la déconnexio­n totale, le droit à l’oubli, s’amuser sans se regarder. « On peut s’embrasser, être bourré ou se foutre à poil sans que son patron ou ses collègues soient au courant le lendemain », ajoute Aurélien Delaeter. Quoique… de nombreux clichés de l’endroit circulent déjà sur Instagram avec le simple mot clé 824 heures. Depuis son arrivée dans la capitale, la Concrete, première boîte de nuit à rester ouverte 24 h/24 en France, tente aussi de contrôler les photos, mais sans imposer le sticker, « trop Berghain pour Paris », relève Brice Coudert, directeur artistique et programmat­eur de l’associatio­n Surprize. La Concrete dispose ainsi de son propre photograph­e et fait contrôler les images prises par les clients. « Nous sommes plutôt souples, mais il ne faut pas que ça gène la prestation de l’artiste. Se retrouver avec une rangée de dix personnes brandissan­t leur portable à 50 cm du nez du DJ, c’est un “tue-la-fête” pour l’artiste, mais aussi pour les gens qui dansent juste derrière. » Pour Fabrice Desprez, attaché de presse chez Phunk et ancien organisate­ur de soirées, le sticker anti-photos est surtout devenu « gadget » dans les soirées technos. « Les gens sont moins hystérique­s avec les selfies et les photos qu’il y a une petite dizaine d’années. On est là pour s’amuser, la mitraille, c’est terminé. »

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Interdire les photos, une façon d’éviter de tomber sur de vieux dossiers.

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