20 Minutes

Le débat fait rage sur le seuil d’âge

Un homme de 28 ans comparaîtr­a pour « atteinte sexuelle » sur une fille de 11 ans, mardi

- Caroline Politi

L’affaire a choqué jusqu’aux plus hauts sommets de l’Etat. Mardi, un homme de 28 ans comparaît devant le tribunal correction­nel de Pontoise (Val-d’Oise), soupçonné d’avoir eu une relation sexuelle avec une pré-adolescent­e de 11 ans. En dépit d’une plainte pour « viol », le parquet a renvoyé le prévenu pour « atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans ». Le choix du parquet de Pontoise, s’il heurte la morale, est parfaiteme­nt légal. La loi française interdit à tout adulte d’avoir des relations sexuelles – même consenties – avec un mineur de moins de 15 ans. C’est ce que beaucoup surnomment la « majorité sexuelle ». Cette notion, qui n’a aucune valeur juridique, est en réalité une interpréta­tion du délit d’« atteinte sexuelle sur mineur ». C’est ce pour quoi comparaît le prévenu mardi. Il encourt jusqu’à cinq ans de prison et de 75 000 € d’amende. En revanche, la qualificat­ion d’agression sexuelle ou de viol ne répond à aucun critère d’âge.

Macron opte pour 15 ans

C’est sur ce point que le gouverneme­nt veut apporter une précision, dans le cadre d’un projet de loi qui sera présenté le 7 mars. Ce seuil est déjà instauré dans d’autres pays d’Europe (15 ans au Danemark, 14 ans en Belgique, 13 ans en Angleterre…). A titre personnel, Emmanuel Macron s’est dit favorable à le fixer à 15 ans. Dans son rapport de 2016, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes préconisai­t de son côté « un seuil d’âge de 13 ans ». Mais, comme fixer un âge limite est forcément arbitraire, cette propositio­n est loin de faire l’unanimité. Dans son rapport de synthèse, le groupe de travail du Sénat justifie cette position par le fait qu’« une automatici­té dans la loi pénale ne permettrai­t pas de prendre en compte la diversité des situations ». « Imaginons qu’une limite de 13 ans soit fixée. Un jeune de 18 ans qui a une relation sexuelle avec quelqu’un de 12 ans et 11 mois sera automatiqu­ement poursuivi pour viol alors que ce ne sera pas forcément le cas s’il a cette relation avec quelqu’un de 13 ans et un jour. Nous avons besoin de souplesse », confiait, en novembre, un juge pour enfants à 20 Minutes. Le groupe au Sénat penche pour l’institutio­n d’une « présomptio­n de contrainte » laissée à l’appréciati­on des juges. Contacté à plusieurs reprises, le parquet de Pontoise n’a pas souhaité s’exprimer sur l’affaire, et comme le procès fait suite à une citation directe, son choix n’a pas été motivé par écrit. L’avocate de la jeune fille entend demander au tribunal de renvoyer le parquet à mieux se pourvoir afin que le dossier soit instruit par des juges d’instructio­ns.

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Le parquet de Pontoise n’a pas motivé sa décision dans cette affaire.

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