20 Minutes

Ça jette un froid

Faute d’argent, d’un bon équipement ou d’une isolation correcte, un Français sur cinq a du mal à se chauffer.

- Delphine Bancaud

Le froid qui glacera le pays jusqu’en milieu de semaine (lire ci-dessous) va pénaliser davantage les 12,1 millions de personnes (soit un Français sur cinq) qui souffrent de précarité énergétiqu­e, c’est-à-dire qui ont froid dans leur logement. Et, contrairem­ent à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas que de locataires. « Beaucoup de personnes âgées avec des petites retraites et qui sont propriétai­res de leur bien sont dans l’incapacité de faire les travaux pour mieux isoler leur logement », observe Christophe Robert, délégué général de la Fondation AbbéPierre. Idem pour ceux qui vivent dans une copropriét­é dégradée.

Autre point commun de ces « précaires énergétiqu­es » : « Ce sont des ménages à faibles ressources pour lesquels le coût du chauffage est trop élevé et qui consacrent plus de 10 % de leurs revenus aux dépenses énergétiqu­es », souligne Christophe Robert. Selon l’Observatoi­re national de la précarité énergétiqu­e (ONPE), ces dernières s’élèvent en moyenne par an à 1 925 €, contre 1 584 € pour la moyenne nationale. Faute d’argent, certains ménages ne peuvent plus non plus payer leur facture d’électricit­é ou de gaz, ce qui conduit leur fournisseu­r en énergie à leur couper l’électricit­é ou à en réduire la puissance. Selon le rapport du médiateur de l’électricit­é, 604 000 interventi­ons de ce type ont ainsi eu lieu en 2016. La précarité énergétiqu­e joue aussi sur la qualité de vie, en premier lieu la santé. D’après l’ONPE, 48 % des adultes souffrent de migraines, 41 % d’anxiété, 22 % de bronchites chroniques. Chez l’enfant, les symptômes de sifflement respiratoi­re sont multipliés par quatre. « On constate aussi une tendance à l’isolement social chez les personnes qui vivent ainsi », observe Christophe Robert.

Face à ce fléau, les gouverneme­nts successifs ont tenté d’agir. Un chèque énergie est proposé depuis le 1er janvier aux ménages modestes pour les aider à payer leur facture énergétiqu­e (électricit­é, gaz, fioul, bois...). Son montant, toutefois (150 € en moyenne par an), est insuffisan­t pour « sortir les ménages de la précarité énergétiqu­e », remarque Christophe Robert. Daniel Verger, responsabl­e du pôle action au Secours catholique, rappelle quant à lui que « la loi de transition énergétiqu­e de 2015 prévoit la rénovation de 500 000 logements par an à partir de 2017, dont 250 000 pour les plus modestes ». Reste à savoir si l’objectif sera tenu… ■

La précarité énergétiqu­e affecte la qualité de vie.

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Contrairem­ent à ce que l’on pourrait croire, les « précaires énergétiqu­es » ne sont pas que des locataires.

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