Le froid, l’autre cauchemar des migrants
Un cauchemar ne chasse pas l’autre, il le rend encore plus insupportable. Depuis un an, une centaine de tentes se sont amassées le long du canal Saint-Martin, à Paris (10e). En ces jours de froid intense, leurs occupants, des migrants, scrutent le moindre rayon de soleil qui pourrait les réchauffer. « J’ai les mains gelées, je souffle dessus, mais ça ne change rien », se plaint Safi, 21 ans, qui dit venir d’Afghanistan. D’autres sont épuisés par les efforts que fournit leur corps pour se réchauffer. Des associations, lors de leurs maraudes, essaient de leur venir en aide, en leur distribuant ici un repas et une boisson chaude, là un vêtement et un sac de couchage. Les dons sont nombreux, mais tous ne sont pas utiles : « Les gens font le vide dans leurs armoires et donnent des chaussures d’été », regrette Anne-Marie Bredin, bénévole au collectif Solidarité migrants Wilson. Emmaüs Solidarité a d’ailleurs lancé une grande collecte de vêtements d’hiver dans les mairies (1er, 3e, 9e, 10e, 12e, 18e et 19e). Depuis mercredi, le plan grand froid a été activé en Ile-de-France. Plus de 6 408 places en centres d’hébergement dans la région sont censées être accessibles à ceux qui composent le 115. Encore faut-il disposer d’un téléphone et du crédit qui va avec. Ou croiser la route, le long du canal Saint-Martin, d’une âme charitable qui se chargera de passer ce coup de fil vital. ■