Les touristes mal partis
A l’heure des perturbations dans les trains et les avions, les touristes revoient leurs plans pour les vacances. Ce qui inquiète les professionnels du secteur.
Pénalisés lorsqu’ils travaillent, mais aussi pendant leurs congés. La grève à la SNCF* et celle à Air France obligent certains usagers à prendre leur véhicule pour profiter, malgré tout, des vacances de Pâques – elles ont déjà commencé pour la zone A, et démarreront vendredi pour la zone C. Avant cela, ils auront tenté de « se faire rembourser leur billet », indique Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. Mais, s’ils avaient réservé un hôtel et payé des arrhes, « ceux-ci seront perdus, sauf si l’hôtelier fait un geste commercial ».
« Les hôtels perdants »
Ceux ne disposant pas de voiture se tournent, eux, vers le covoiturage, voire les cars, au risque de « payer leur place plus cher, puisqu’elle aura été achetée au dernier moment », rappelle Didier Arino, directeur du cabinet Protou- risme. Beaucoup décident d’écourter leurs vacances, voire de les annuler, tout bonnement. « Les hôtels du littoral atlantique, très accessible en train, ont déjà enregistré de 10 à 30 % d’annulation sur les vacances de printemps », constate Didier Arino. « Et les établissements situés dans les grandes villes (Marseille, Bordeaux, Nantes, Strasbourg…) vont être les grands perdants de l’histoire », avance Didier Chenet, président du GNI-Synhorcat. Enfin, les Français n’ayant encore rien réservé risquent de ne pas le faire, encore plus freinés par les conditions météo. Roland Héguy, président de la principale organisation des hôteliers français, l’UMIH, anticipe ainsi « une baisse de 10 % de taux d’occupation pour le mois d’avril, soit une perte de 150 millions d’euros ». Les touristes étrangers viendront-ils à la rescousse des hôteliers ? Didier Chenet en doute : « Les chaînes américaines se font un plaisir de montrer des images de trains à l’arrêt. » Pour Jean-Pierre Mas, « ces grèves risquent d’écorner l’image de la France ».
* Le trafic dans les gares devrait, ce lundi, rester très perturbé, avec un TGV sur cinq, un Transilien et un TER sur trois et un Intercités sur six.