La télé serait-elle en train de siphonner YouTube ?
Les liens entre YouTube et la télévision se resserrent, à l’image du show « High et fines herbes »
«a a commencé avec Norman, Cyprien et Natoo, qui ont squatté le canal de TF1 pendant l’été 2017 avec leur programme court « Presque adultes ». Puis il y a eu Jeremstar, devenu chroniqueur dans « Salut les Terriens », avant le scandale qui a égratigné son nom et l’a éloigné du plateau de C8. Désormais, c’est l’émission « High et fines herbes » , la version beuh des « Recettes pompettes » qui rejoint le petit écran sur Viceland. La télé serait-elle en train de siphonner YouTube ? « La télévision a toujours agrégé des talents venus d’ailleurs, rappelle Séverine Barthes, maîtresse de conférences à la Sorbonne Nouvelle, spécialiste de l’analyse de la télévision. Les passages d’un média à un autre ne sont pas rares du tout, la télévision est dans une sorte de recyclage permanent. Au départ, des talents extérieurs venus du théâtre ou du music-hall étaient aspirés par la télévision. Aller chercher du sang neuf sur YouTube n’est qu’une nou- velle version de ce fonctionnement. » Une manière aussi d’aller chercher les jeunes là où ils se planquent, pour des chaînes qui peinent à attirer les 15-34 ans. Mais il y a un « mais ». « Je ne suis pas convaincue à 100 %, remarque Séverine Barthes. Les statistiques montrent que les jeunes regardent en majorité des contenus télévisuels sur YouTube ou Netflix. »
Surtout, la spécialiste remarque que « High et fines herbes » n’apporte pas de nouveauté particulière : « C’est du
Maïté avec un pétard. C’est un renouvellement de surface, peut-être, mais des genres télévisuels et des choses intéressantes à montrer, il n’y en a pas tant que ça. L’émission joue sur quelque chose de faussement branché et faussement transgressif pour arriver à un résultat que la télévision fait depuis longtemps. » Voilà l’émission de Viceland rhabillée pour l’hiver. Du côté des youtubeurs, qu’est-ce qui peut bien attirer des idoles avec des millions (voire des milliards) de vues à passer du côté obscur de l’écran ? « C’est d’abord une équation économique, explique Séverine Barthes. Malgré les vues, c’est minoritaire économiquement par rapport à la force de frappe de la télé. » Encore faut-il que le CSA ne prive pas la chaîne Viceland de sa petite nouveauté.
« C’est du Maïté avec un pétard, juste un renouvellement de surface. »
Séverine Barthes, maîtresse de conférences