20 Minutes

« L’amour ne s’oppose pas à la foi »

L’ex-curé David Gréa raconte comment il a renoncé à son ministère pour fonder une famille

- Propos recueillis par Anissa Boumediene

Durant plus de quinze ans, David Gréa a trouvé le bonheur dans la prêtrise. Un épanouisse­ment spirituel qui n’a toutefois pu contrer le sentiment d’extrême solitude ressenti une fois le soir venu. Tombé amoureux, il a décidé de vivre son amour, qui lui a coûté la prêtrise. Il en témoigne dans Une Vie nouvelle. Prêtre, marié, heureux (Les

Arènes), paru mercredi.

La prêtrise n’a pas suffi pleinement à votre bonheur ?

J’ai mené une vie de prêtre trépidante, chaque année m’a apporté plus de bonheur que j’imaginais pouvoir en recevoir (…). Mais c’est vrai que, dès le début, j’ai redouté la solitude, et craint que le célibat ne soit trop dur à vivre. Les premières années, une grande confiance m’a porté, je n’y pensais pas trop, je n’en avais pas le temps ! Avec le temps, j’ai réalisé que je parlais de textes sacrés pleins d’amour et que, dans le même temps, je devais laisser une partie de moi endormie. Et puis, j’ai rencontré Magalie.

Avez-vous cru pouvoir concilier les deux ?

Pour moi, l’amour ne s’oppose ni à la foi ni au ministère. On devrait pouvoir être prêtre et marié, mais, aujourd’hui, cela contrevien­t aux règles de l’Eglise. On a continué comme ça : j’étais épa- noui et cela se ressentait jusque dans mes prêches (…). Je suis allé voir le cardinal Barbarin, et je lui ai dit que j’étais heureux dans la prêtrise, mais que je ne resterais pas célibatair­e. Il m’a confié avoir évoqué la question avec le pape François, qui a tenté sans succès d’ouvrir le débat. J’ai souhaité le rencontrer.

Que vous a dit le pape ?

Je ne suis pas un militant anti-célibat de prêtres, je lui ai juste parlé de mon cas. Il m’a posé beaucoup de questions et m’a écouté profondéme­nt. Il ne m’a pas dit de renoncer, ou que j’avais tort, il m’a demandé d’être patient. Ses mots m’ont conforté dans mon choix, j’étais en paix. Mais mon avenir de prêtre se jouait entre les mains du cardinal Barbarin, pas celles du pape. Il m’a annoncé au lendemain d’une messe dominicale que cela avait été la dernière. Ça a été soudain et brutal.

La prêtrise vous manque-t-elle ?

Je suis un homme, un mari et un père heureux. Je me sens toujours prêtre, j’aimerais retrouver un ministère. Mais faute de pouvoir le faire, je poursuis ma vie spirituell­e. Les facultés que j’exerçais en tant que curé, je les mets en oeuvre dans mon activité de coach.

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David Gréa est l’auteur d’Une Vie nouvelle. Prêtre, marié, heureux.

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