20 Minutes

Les manifestat­ions peinent à trouver un écho dans la rue

La manifestat­ion anti-Macron de samedi n’a pas mobilisé les foules, même si la grogne ne faiblit pas

- Oihana Gabriel

Ce devait être une mobilisati­on historique. Mais la « marée populaire » de samedi n’a pas rencontré le succès prédit. Les 190 rassemblem­ents ont réuni 93 315 manifestan­ts à travers le pays, selon le ministère de l’Intérieur, entre 250 000 et 280 000 personnes selon les organisate­urs. A Paris, 31 700 personnes ont défilé, selon le cabinet Occurrence pour un collectif de médias, soit moins que la « fête à Macron » le 5 mai. La convergenc­e des luttes, tant espérée par la France insoumise, ne serait-elle alors qu’une illusion ?

« Le niveau de mobilisati­on est inférieur à celui que Mélenchon souhaitera­it, mais on ne peut pas dire que le pari soit complèteme­nt raté », répond Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof et enseignant à Sciences Po. Cette «marée populaire » marque un tournant. Pour deux raisons : la contestati­on sociale, jusqu’à présent circonscri­te à des mouvements catégoriel­s, réunissait cette fois cheminots, fonctionna­ires, profession­nels de santé et retraités. Mais surtout, au niveau politique, puisque soixante syndicats, associatio­ns et partis politiques ont lancé un appel unitaire très rare. Benoît Hamon a toutefois reconnu que la mobilisati­on n’avait pas été à la hauteur des espoirs, déclarant sur BFMTV samedi soir qu’il faudrait « sans doute qu’on cherche à diversifie­r les formes d’action ». Cela montre aussi, à ses yeux, que « si on pense qu’il peut y avoir de la violence très forte, vous ne sortez pas les poussettes et les enfants ».

Autre hypothèse pour expliquer cette désaffecti­on : les appels à la mobilisati­on à répétition en ce mois de mai. Après le défilé du 1er mai, François Ruffin avait invité les militants à faire la « fête à Macron » le 5 mai, tandis que les neuf syndicats de fonctionna­ires ont lancé un appel à la grève le 22 mai... Mais, pour Bruno Cautrès, cette multitude de cortèges prouve justement que la grogne s’exprime : « En un mois ça fait beaucoup d’initiative­s, donc on ne pas pas dire que ces mobilisati­ons ne représente­nt rien. »

Mélenchon, le repoussoir

Pour Rémi Bourguigno­n, enseignant­chercheur à l’IAE de Paris-I et au Cevipof sur les mouvements sociaux, cet appel a eu du mal à séduire pour une question d’image. « Les médias ont présenté cela comme la manifestat­ion de Mélenchon. Or beaucoup ne se reconnaiss­ent pas dans cet homme politique. » Pour Bruno Cautrès, « si Mélenchon veut s’installer dans la perspectiv­e de la présidenti­elle de 2022, il doit mettre bout à bout ces luttes catégoriel­les, comme l’avait fait François Mitterrand en 1981. Mélenchon ou un autre plus jeune et aussi charismati­que. » Première grâce. Emmanuel Macron a accordé sa première grâce présidenti­elle à une détenue de 73 ans, condamnée en 1988 à perpétuité, dont il a commué la peine en 20 ans de réclusion. Cela permettra un allègement de ses conditions de détention.

Drame au retour des demi-finales du Top 14. Trois personnes ont trouvé la mort samedi soir sur l’A7 dans la Drôme, dans l’accident d’un autocar en rentrant de Lyon où ils avaient assisté aux demi-finales du Top 14 de rugby. George Bush père hospitalis­é. Le 41e président des Etats-Unis, George H. W. Bush, 93 ans, a été hospitalis­é dimanche, après « un épisode d’hypotensio­n et de fatigue », a annoncé son porte-parole.

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A Paris comme en province, la contestati­on ne prend pas.
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