20 Minutes

Comment le tueur a-t-il pu échapper à toute surveillan­ce?

L’attaque mortelle de Liège soulève des questions sur le traitement des détenus radicalisé­s.

- Hélène Sergent

Au lendemain de l’attaque de Liège, qui a tué trois personnes et qui a été revendiqué­e par Daesh mercredi, la Belgique s’interroge. Car Benjamin Herman, suspecté d’être l’auteur des faits, figurait dans les rapports des services de renseignem­ent et avait fait l’objet d’une évaluation par la CelEx, la cellule consacrée aux profils extrémiste­s dans les prisons belges. Mais il n’avait pas été inscrit dans la banque de données des détenus jugés dangereux. Autant d’éléments soulevant des interrogat­ions.

Deux mois après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, le gouverneme­nt belge s’est doté d’un plan d’action contre la radicalisa­tion dans les prisons. Parmi les mesures : la création d’une cellule « extrémisme » dont la fonction est de lister et d’identifier les détenus en fonction de leur degré de radicalisa­tion et évaluer régulièrem­ent ces profils. Une fois cette identifica­tion réalisée, plusieurs régimes de détention existent, de l’isolement au placement en « D-Rad : Ex », l’équivalent de nos unités qui regroupent les prédicateu­rs les plus dangereux. Si le suspect de Liège a fait l’objet d’une évaluation de la cellule « extrémisme », le moindre de ses faits et gestes a dû être consigné.

Des surveillan­ts en colère

Autre élément d’incompréhe­nsion : comment un homme dont le nom avait été communiqué à cette fameuse CelEx a pu bénéficier de quatorze congés pénitentia­ires depuis sa première incarcérat­ion ? Selon Nicolas Cohen, de l’Observatoi­re internatio­nal des prisons (OIP) en Belgique, les 237 détenus inscrits sur cette liste ont droit à un traitement plus strict que les autres : « Ce qu’on constate, c’est une quasi-impossibil­ité pour ces prisonnier­s d’obtenir un congé pénitentia­ire, une surveillan­ce électroniq­ue ou une libération conditionn­elle. »

De quoi déclencher la colère des agents pénitentai­res. Didier Breulheid, ancien surveillan­t et référent syndical CSC en charge de la justice, confie : « Ils ne se sentent pas responsabl­es mais ils sont en rage. Ils ont le sentiment qu’on accorde des faveurs à la population détenue et qu’eux ne peuvent pas travailler correcteme­nt. » Seules les équipes des cinq prisons désignées « satellites » bénéficien­t aujourd’hui d’une formation consacrée à la radicalisa­tion. Un dispositif au rabais pour le syndicalis­te : « En réalité, on a juste formé pendant trois journées quelques membres du service psychosoci­al et quelques agents. Tout ça, c’est de la poudre aux yeux. »

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L’attaque de mardi a rappelé durement aux Belges le danger terroriste.

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