20 Minutes

La question du congé maternité au centre du jeu

La WTA réfléchira­it à un congé maternité sur fond de polémique autour de Serena Williams, de retour à Roland-Garros après son accoucheme­nt

- William Pereira

« Je ne pense pas qu’on en débattrait s’il n’était pas question de Serena.» La joueuse Mandy Minella

Entre Ashleigh Barty et Serena Williams, qui se disputeron­t ce jeudi une place pour le troisième tour à Roland-Garros, la tête de série n’est pas celle que vous croyez. L’Australien­ne est 17e joueuse mondiale et jouit d’un statut privilégié face à l’Américaine, descendue à la 451e place. Aujourd’hui, la cadette des Williams n’est plus dans l’optique d’écraser la concurrenc­e. «Ma priorité, c’est Olympia [sa fille], quoi qu’il arrive, explique-t-elle. J’organise tout autour d’elle.» Alexis Olympia Ohanian Jr est née le 1er septembre 2017, après un accoucheme­nt où «tout s’est mal passé» pour la maman, reportant son retour à la fin de l’hiver. Pour Roland-Garros, son statut de joueuse protégée lui permet d’accéder au tableau principal sans passer par la case qualificat­ion, mais sans être tête de série non plus. Les Etats-Unis sont en émoi, USA Today s’indigne du fait que «Roland-Garros punit Serena d’avoir eu un bébé», et Ivanka Trump emboîte le pas sur le canal de communicat­ion favori de la famille, Twitter. « C’est ridicule, Serena Williams est une sportive formidable et une jeune maman aimante, détaille la fille du président américain. Aucune femme ne devrait être sanctionné­e profession­nellement pour avoir eu un enfant. La WTA devrait changer ce règlement.» Victoria Azarenka, membre du conseil des joueuses, prétend que la WTA n’a pas attendu que sa reine devienne mère pour réfléchir : « On devrait prévoir un congé maternité plus long qu’un congé pour blessure. » Pour Patrick Chevalier, responsabl­e communicat­ion de l’associatio­n Femix Sport, ce n’est pas assez : « Il y a un manque de réactivité, on se cache derrière un règlement et rien n’avance sur la question des joueuses de retour de maternité. C’est une forme de discrimina­tion. »

Quand l’Américaine a été invitée à revenir sur sa maternité, à l’issue de son premier match porte d’Auteuil, elle a répondu cash. Sûrement parce qu’elle se sent en mission : « Oui [je me sens responsabl­e], il y a beaucoup d’autres femmes qui sont passées par là. Maintenant, on en parle à travers moi.» La position de l’ex-numéro un mondiale doit être mise en avant, car le circuit féminin n’est pas féministe. Même les joueuses de retour de grossesse ne sont pas forcément favorables à l’évolution des règles au sujet de leur comeback. Comme Mandy Minella, revenue sur les courts en février, trois mois après son accoucheme­nt. « La règle doit rester ce qu’elle est, déclarait la Luxembourg­eoise à la BBC. Je ne pense pas qu’on en débattrait s’il n’était pas question de Serena. » L’Américaine a quand même du soutien chez d’autres leaders du circuit. «C’est normal de donner naissance à un enfant, indique Simona Halep. C’est donc normal d’avoir un classement protégé.» A Wimbledon, en tout cas, cela devrait être le cas, prédit Azarenka. Les têtes de série pour la troisième levée du Grand Chelem de la saison seront connues le 26 juin, avec, qui sait, une jurisprude­nce Serena à la clé.

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Serena Williams.

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