Les mauvais esprits de famille
Le réalisateur Ari Aster joue sur les peurs au sein d’une famille pour renforcer l’efficacité du terrifiant «Hérédité»
La famille, quel cauchemar ! C’est la conclusion à laquelle parvient le spectateur à l’issue d’Hérédité, premier long-métrage d’Ari Aster. A la mort de sa mère, une femme apparemment rangée (impressionnante Toni Collette) voit sa vie avec son mari et ses enfants basculer dans l’horreur. « Je me suis dit que rien n’est plus terrifiant que la famille parce que, par essence, c’est en son sein qu’on doit se sentir protégé, explique le réalisateur à 20 Minutes. Rien ne me semble pire que le moment où ce cocon devient une menace.»
Par petites touches, Ari Aster fait découvrir les nombreux traumas dont souffre son héroïne, que le décès d’une matriarche aux multiples secrets déboussole. « Je vois Hérédité comme un drame familial poussé à l’extrême, dont les fantômes sont des manifestations d’un passé tragique », précise le cinéaste. De la gamine qui fabrique des objets d’art macabre à sa mère qui reproduit les pièces de leur maison avec des miniatures, tout est conçu pour que la tension s’installe en profondeur, dès les premières scènes.
« Dérangement mental »
Amoureux de cinéma fantastique, Ari Aster reconnaît avoir pensé à Rosemary’s Baby de Roman Polanski et à Shining de Stanley Kubrick en bâtissant son intrigue. « J’ai un faible pour les oeuvres où le public ne sait pas s’il a affaire à des phénomènes paranormaux ou à des manifestations de dérangement mental», précise-t-il. Le réalisateur maintient ainsi l’ambiguïté entre manifestations occultes et folie furieuse avec maestria pour distiller l’angoisse.