20 Minutes

Les mauvais esprits de famille

Le réalisateu­r Ari Aster joue sur les peurs au sein d’une famille pour renforcer l’efficacité du terrifiant «Hérédité»

- Caroline Vié

La famille, quel cauchemar ! C’est la conclusion à laquelle parvient le spectateur à l’issue d’Hérédité, premier long-métrage d’Ari Aster. A la mort de sa mère, une femme apparemmen­t rangée (impression­nante Toni Collette) voit sa vie avec son mari et ses enfants basculer dans l’horreur. « Je me suis dit que rien n’est plus terrifiant que la famille parce que, par essence, c’est en son sein qu’on doit se sentir protégé, explique le réalisateu­r à 20 Minutes. Rien ne me semble pire que le moment où ce cocon devient une menace.»

Par petites touches, Ari Aster fait découvrir les nombreux traumas dont souffre son héroïne, que le décès d’une matriarche aux multiples secrets déboussole. « Je vois Hérédité comme un drame familial poussé à l’extrême, dont les fantômes sont des manifestat­ions d’un passé tragique », précise le cinéaste. De la gamine qui fabrique des objets d’art macabre à sa mère qui reproduit les pièces de leur maison avec des miniatures, tout est conçu pour que la tension s’installe en profondeur, dès les premières scènes.

« Dérangemen­t mental »

Amoureux de cinéma fantastiqu­e, Ari Aster reconnaît avoir pensé à Rosemary’s Baby de Roman Polanski et à Shining de Stanley Kubrick en bâtissant son intrigue. « J’ai un faible pour les oeuvres où le public ne sait pas s’il a affaire à des phénomènes paranormau­x ou à des manifestat­ions de dérangemen­t mental», précise-t-il. Le réalisateu­r maintient ainsi l’ambiguïté entre manifestat­ions occultes et folie furieuse avec maestria pour distiller l’angoisse.

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