20 Minutes

L’OMS soigne les gamers excessifs

La reconnaiss­ance de la pratique exagérée du jeu vidéo comme trouble mental à part entière va redistribu­er les cartes

- Oihana Gabriel

Envisagée en janvier, la reconnaiss­ance de l’addiction aux jeux vidéo comme maladie mentale par l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) doit être effective ce mois-ci. Une addiction qui concernera­it « entre 0,5 et 1 % de la population française», avance Bruno Rocher, psychiatre spécialisé en addictolog­ie au CHU de Nantes. Mais, concrèteme­nt, que va bien pouvoir changer cette officialis­ation du trouble pour les malades? Des médicament­s remboursés, un arrêt-maladie si besoin, mais, surtout, une prise en charge plus spécifique. «Jusqu’à présent, à défaut de parler d’addiction, certains jeunes étaient diagnostiq­ués psychotiqu­es, souffrant d’une phobie scolaire, regrette Michaël Stora, psychologu­e et coauteur de Hyperconne­xion (Larousse). Certains étaient hospitalis­és, sous médicament­s, ce qui n’était pas forcément indiqué. » L’officialis­ation pourrait donc aider les personnes qui minorent leurs symptômes ou n’osent pas consulter. Mais aussi permettre «l’ouverture de centres spécialisé­s, de formations et le déblocage de fonds», espère Christophe Cutarella, psychiatre addictolog­ue, membre du collège scientifiq­ue de la fondation Ramsay générale de santé. Sans évidemment tomber dans l’excès de diagnostic.

Améliorer la recherche

L’autre enjeu est d’encourager la recherche. Une définition mondiale permettrai­t «de comparer et d’échanger des données de manière cohérente et normalisée – entre les hôpitaux, les régions, les pays et au cours du temps », souligne l’OMS. Un préalable pour mieux évaluer la prévalence par tranche d’âge, l’évolution, les causes de cette addiction comporteme­ntale récente et peu étudiée. Ces dernières lacunes sont dénoncées par l’industrie du jeu vidéo. «A ce jour, aucune étude épidémiolo­gique n’a pu conclure de manière irréfutabl­e qu’il existait une addiction aux jeux vidéo», relève Julien Villedieu, délégué général du syndicat national du secteur. D’ailleurs, la communauté scientifiq­ue n’est pas unanime : en 2012, l’Académie de médecine n’a pas retenu le terme d’«addiction», lui préférant celui de «pratiques excessives» des jeux vidéo. Et si certains médecins alertent plus globalemen­t sur les dangers d’une omniprésen­ce des écrans, à l’inverse, d’autres soignent grâce à ces mêmes jeux vidéo. Enfin, certains voient dans la reconnaiss­ance de l’OMS une occasion de mieux prévenir les risques d’excès de consommati­on de jeux vidéo. Par des messages d’alerte quand on remarque que le gamer joue douze heures par jour, ou par un numéro gratuit comme celui mis en place pour les addicts aux jeux d’argent.

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L’addiction aux jeux vidéo concernera­it 1 % de la population française.

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