Un Bleu et des bosses
Critiqué pour son manque de technicité, Olivier Giroud, titulaire contre le Pérou (aujourd’hui, 17h), répond par son efficacité et son côté sauveur.
Avec Olivier Giroud, il y a toujours un doute. Quand Deschamps l’a mis sur le banc face à l’Australie, la plèbe a sauté au plafond. Les supporters voulaient voir Dembélé-Mbappé-Griezmann. Ils ont vu. Ça n’a pas fonctionné, et le sélectionneur va pouvoir remettre son n°9 préféré titulaire pendant toute la compétition sans que personne n’y trouve à redire. Et ça commence contre le Pérou, ce jeudi (17 h). On ne pense pas sérieusement que le sélectionneur aille jusque-là dans ses réflexions, mais la tournure des événements doit bien le faire sourire. «Olivier, quand il joue, c’est dans son registre, qui n’est pas le même que celui des autres», a-t-il répété mercredi. Sous-entendu, il fait moins de passements de jambes que les petits jeunes d’à côté. Mais à chaque fois, ou presque, le bonhomme sait se montrer indispensable.
Voilà résumée l’histoire du Grenoblois sous le maillot bleu, longue depuis près de sept ans. Elle a été marquée par l’épisode Benzema, écarté après la fameuse sextape. Une partie du public lui a fait payer la mise à l’écart du Madrilène. Au moins autant de monde estime qu’il n’a pas le niveau pour être l’avant-centre titulaire des Bleus. L’intéressé le sait bien. Avant le départ en Russie, il s’était confié sur son cas personnel : «C’est mon destin. Je me suis nourri de tout ça pour grandir. Aujourd’hui, ma force de caractère est liée à toutes ces péripéties.» Pendant qu’on le critiquait, lui plantait. Avec son 31e but en Bleu, inscrit fin mai contre l’Irlande, il a égalé Zidane et pourrait bientôt dépasser Trezeguet (34) pour s’installer sur le podium, derrière Platini (41) et Henry (51). Depuis l’Euro, il a marqué onze fois, et sans sa caboche ou sa patte gauche, on ne serait peut-être pas en Russie à parler de tout ça. «Dans la vie d’un sportif, ces moments difficiles sont importants, reprend Giroud. Ils vous font soit évoluer et passer un cap, soit baisser la tête. Moi j’ai décidé d’accueillir ça comme un défi.»
A 31 ans, il fait partie des tauliers. Les jeunes louent son état d’esprit, ses discours tournés vers le collectif et la prise de responsabilité. Les Bleus bafouillent sans lui, sans qu’on sache vraiment si c’est une coïncidence. Lui semble avoir la réponse. En zone mixte, après le match contre l’Irlande, on prêtait à peine l’oreille à ses propos sur son transfert à Chelsea quand la révélation est apparue. «J’ai toujours pensé, moi qui suis très croyant, que j’avais une bonne étoile au-dessus de ma tête », a-t-il glissé. On s’est dit que ça collait pas mal à Olivier Giroud.
« Ma force de caractère est liée à ces péripéties. » Olivier Giroud