20 Minutes

Source d’hésitation

Applicatio­n, abandon ou mensualisa­tion? Emmanuel Macron se prononce, ce mardi, sur l’avenir du prélèvemen­t à la source. L’enjeu politique est de taille pour le chef de l’Etat.

- Nicolas Raffin

Une réunion cruciale se tient à l’Elysée, ce mardi. Emmanuel Macron et Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, vont décider de l’avenir du prélèvemen­t à la source. En fonction du scénario choisi, le choix du président de la République ne sera pas sans conséquenc­es pour son image et celle de sa politique.

> Premier scénario : le maintien de la réforme. Gérald Darmanin l’assure : l’administra­tion est au point sur le prélèvemen­t à la source. Reste à convaincre Emmanuel Macron, qui redoute peut-être le « choc psychologi­que » de la réforme. Fin janvier, le « net à payer » sera en baisse sur les bulletins de salaire, même si les contribuab­les paieront exactement le même impôt avant ou après la réforme. Politiquem­ent aussi, l’enjeu est de taille. « Si Macron maintient la réforme, ça lui permettra de continuer à revendique­r cette dynamique réformatri­ce et de montrer qu’il garde une forme de cohérence dans l’action », assure Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’Ifop.

> Deuxième scénario : l’abandon du prélèvemen­t à la source. Inenvisage­able il y a peu, l’abandon de la réforme est devenu un angle d’attaque pour l’opposition. Pour Marine Le Pen, le changement de système serait « coûteux et inefficace ». En fait, l’abandon du projet représente­rait une « perte sèche » pour les entreprise­s qui ont modernisé les outils informatiq­ues et communiqué auprès des salariés. Selon un rapport publié l’an passé, cela représente­rait entre 310 et 420 millions d’euros. Mais, là aussi, le coût politique n’est pas minime. « A l’image de Hollande ou de Sarkozy, Macron serait perçu comme quelqu’un qui recule devant l’obstacle », précise Frédéric Dabi. > Troisième scénario : la formule « hybride ». Et pourquoi ne pas garder l’idée d’un prélèvemen­t mensuel généralisé ? C’est l’idée avancée par Eric Woerth (LR) mais aussi… par la CGT. En clair, le fisc passerait directemen­t par le compte bancaire des contribuab­les pour collecter l’impôt, sans solliciter les entreprise­s. Dans le système actuel, 58 % des foyers assujettis à l’impôt sur le revenu ont déjà opté pour ce mode de prélèvemen­t. Pour eux, rien ne changerait, hormis l’étalement des versements, sur 12 mois au lieu de 10. Autre avantage : le montant de l’impôt serait alors calculé sur les revenus de l’année en cours, ce qui limiterait les problèmes de trésorerie.

Macron redoute peut-être le « choc psychologi­que » de la réforme sur les contribuab­les.

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Pour Gérald Darmanin, Bercy est prêt pour le prélèvemen­t à la source.

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