Source d’hésitation
Application, abandon ou mensualisation? Emmanuel Macron se prononce, ce mardi, sur l’avenir du prélèvement à la source. L’enjeu politique est de taille pour le chef de l’Etat.
Une réunion cruciale se tient à l’Elysée, ce mardi. Emmanuel Macron et Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, vont décider de l’avenir du prélèvement à la source. En fonction du scénario choisi, le choix du président de la République ne sera pas sans conséquences pour son image et celle de sa politique.
> Premier scénario : le maintien de la réforme. Gérald Darmanin l’assure : l’administration est au point sur le prélèvement à la source. Reste à convaincre Emmanuel Macron, qui redoute peut-être le « choc psychologique » de la réforme. Fin janvier, le « net à payer » sera en baisse sur les bulletins de salaire, même si les contribuables paieront exactement le même impôt avant ou après la réforme. Politiquement aussi, l’enjeu est de taille. « Si Macron maintient la réforme, ça lui permettra de continuer à revendiquer cette dynamique réformatrice et de montrer qu’il garde une forme de cohérence dans l’action », assure Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’Ifop.
> Deuxième scénario : l’abandon du prélèvement à la source. Inenvisageable il y a peu, l’abandon de la réforme est devenu un angle d’attaque pour l’opposition. Pour Marine Le Pen, le changement de système serait « coûteux et inefficace ». En fait, l’abandon du projet représenterait une « perte sèche » pour les entreprises qui ont modernisé les outils informatiques et communiqué auprès des salariés. Selon un rapport publié l’an passé, cela représenterait entre 310 et 420 millions d’euros. Mais, là aussi, le coût politique n’est pas minime. « A l’image de Hollande ou de Sarkozy, Macron serait perçu comme quelqu’un qui recule devant l’obstacle », précise Frédéric Dabi. > Troisième scénario : la formule « hybride ». Et pourquoi ne pas garder l’idée d’un prélèvement mensuel généralisé ? C’est l’idée avancée par Eric Woerth (LR) mais aussi… par la CGT. En clair, le fisc passerait directement par le compte bancaire des contribuables pour collecter l’impôt, sans solliciter les entreprises. Dans le système actuel, 58 % des foyers assujettis à l’impôt sur le revenu ont déjà opté pour ce mode de prélèvement. Pour eux, rien ne changerait, hormis l’étalement des versements, sur 12 mois au lieu de 10. Autre avantage : le montant de l’impôt serait alors calculé sur les revenus de l’année en cours, ce qui limiterait les problèmes de trésorerie.
Macron redoute peut-être le « choc psychologique » de la réforme sur les contribuables.