20 Minutes

L’assistant médical pas forcément vu comme la panacée

L’annonce de la création de ce nouveau métier passe mal chez certains profession­nels

- Oihana Gabriel

C’était une demande de longue date des syndicats de médecins, spécialist­es comme généralist­es, qui croulent sous la paperasse. Pour leur faire gagner du temps médical, un nouveau métier va être créé, celui d’assistant médical (4 000 postes d’ici à 2022), a annoncé Emmanuel Macron, mardi, lors de son discours sur la transforma­tion du système de santé. Sur le modèle anglo-saxon des «clinical assistants», ces profession­nels de santé « travailler­ont autour de la consultati­on, explique Jacques Battistoni, président du premier syndicat de médecins généralist­es, MG France, qui avait soufflé l’idée. Ils s’occuperont du premier accueil du patient (motif de la consultati­on, prise de la tension… au besoin réalisatio­n d’un électrocar­diogramme), ils dialoguero­nt avec le généralist­e pendant la consultati­on, puis s’occuperont de la facturatio­n, du suivi du dossier, etc.»

« Médecine d’un temps révolu »

Plusieurs profils pourraient être intéressés par cette nouvelle façon de travailler, qui n’est en aucun cas une spécialité médicale, insiste Jacques Battistoni : des secrétaire­s médicaux qui auront suivi une formation complément­aire, des aides-soignants à qui on donnera la possibilit­é de travailler en ville, des infirmiers tentés par l’idée de travailler en équipe. L’aide financière qui en découlera, 50 000 € par assistant médical chaque année selon les premières estimation­s, sera conditionn­ée au regroupeme­nt des praticiens dans ce que l’on appelle aujourd’hui des communauté­s profession­nelles territoria­les de santé (CPTS).

Qualifié de « très médico-centré », le discours du président n’a pas fait que des heureux. La création de ce nouveau métier d’assistant médical, « simple subalterne du corps médical (…), semble contradict­oire avec une vision collective, coordonnée et graduée de la prise en charge des patients, s’agace Patrick Chamboredo­n, président de l’Ordre national des infirmiers. C’est même un retour vers une médecine d’un temps révolu, celui où les épouses des médecins travaillai­ent gratuiteme­nt au cabinet. Mais, cette fois-ci, c’est l’Assurance-maladie, donc la collectivi­té, qui paie.» Autre grief soulevé, du côté du bienêtre du patient cette fois : à une époque où le manque d’écoute de certains soignants est décrié, le patient réussira-t-il à se confier s’il sait que le généralist­e n’aura que dix minutes à lui accorder? «Dans les endroits où on a testé cette technique, les patients sont ravis», tranche Jean-Paul Ortiz, président de la Confédérat­ion des syndicats médicaux (CSMF). Philippe Vigier, député d’Eure-et-Loire (UDI) et ancien interne des hôpitaux de Paris, se montre, lui, peu convaincu. « Rien n’est fait pour véritablem­ent faciliter les délégation­s de tâches et permettre ainsi aux sages-femmes, pharmacien­s et auxiliaire­s médicaux, de participer davantage à la chaîne de soins, qui seuls permettron­t d’apporter une réponse immédiate.»

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Le but de la mesure est de dégager du temps médical au médecin.

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