L’assistant médical pas forcément vu comme la panacée
L’annonce de la création de ce nouveau métier passe mal chez certains professionnels
C’était une demande de longue date des syndicats de médecins, spécialistes comme généralistes, qui croulent sous la paperasse. Pour leur faire gagner du temps médical, un nouveau métier va être créé, celui d’assistant médical (4 000 postes d’ici à 2022), a annoncé Emmanuel Macron, mardi, lors de son discours sur la transformation du système de santé. Sur le modèle anglo-saxon des «clinical assistants», ces professionnels de santé « travailleront autour de la consultation, explique Jacques Battistoni, président du premier syndicat de médecins généralistes, MG France, qui avait soufflé l’idée. Ils s’occuperont du premier accueil du patient (motif de la consultation, prise de la tension… au besoin réalisation d’un électrocardiogramme), ils dialogueront avec le généraliste pendant la consultation, puis s’occuperont de la facturation, du suivi du dossier, etc.»
« Médecine d’un temps révolu »
Plusieurs profils pourraient être intéressés par cette nouvelle façon de travailler, qui n’est en aucun cas une spécialité médicale, insiste Jacques Battistoni : des secrétaires médicaux qui auront suivi une formation complémentaire, des aides-soignants à qui on donnera la possibilité de travailler en ville, des infirmiers tentés par l’idée de travailler en équipe. L’aide financière qui en découlera, 50 000 € par assistant médical chaque année selon les premières estimations, sera conditionnée au regroupement des praticiens dans ce que l’on appelle aujourd’hui des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Qualifié de « très médico-centré », le discours du président n’a pas fait que des heureux. La création de ce nouveau métier d’assistant médical, « simple subalterne du corps médical (…), semble contradictoire avec une vision collective, coordonnée et graduée de la prise en charge des patients, s’agace Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers. C’est même un retour vers une médecine d’un temps révolu, celui où les épouses des médecins travaillaient gratuitement au cabinet. Mais, cette fois-ci, c’est l’Assurance-maladie, donc la collectivité, qui paie.» Autre grief soulevé, du côté du bienêtre du patient cette fois : à une époque où le manque d’écoute de certains soignants est décrié, le patient réussira-t-il à se confier s’il sait que le généraliste n’aura que dix minutes à lui accorder? «Dans les endroits où on a testé cette technique, les patients sont ravis», tranche Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux (CSMF). Philippe Vigier, député d’Eure-et-Loire (UDI) et ancien interne des hôpitaux de Paris, se montre, lui, peu convaincu. « Rien n’est fait pour véritablement faciliter les délégations de tâches et permettre ainsi aux sages-femmes, pharmaciens et auxiliaires médicaux, de participer davantage à la chaîne de soins, qui seuls permettront d’apporter une réponse immédiate.»