20 Minutes

Le plastique, carburant d’un tour du monde

L’équipe de Plastic Odyssey entend faire le tour du monde en utilisant pour seul carburant les déchets plastique

- Fabrice Pouliquen

A l’image de Solar Impulse 2, Alexandre Dechelotte et les trois autres fondateurs de Plastic Odyssey veulent réaliser l’exploit de faire un tour du monde sans carburant. Non pas dans les airs, mais à bord d’un catamaran de 24 m, le long des côtes les plus polluées au monde.

Comment? En n’utilisant pour seule source d’énergie que des déchets plastique transformé­s. C’est toute la promesse de la pyrolyse. « Elle consiste à chauffer à haute températur­e le plastique récupéré sans lui apporter de l’oxygène, décrit Alexandre Dechelotte. Il manque alors un des éléments pour faire du feu si bien que, au lieu de brûler, le plastique se fragmente peu à peu jusqu’à devenir liquide et gazeux.»

Plastic Odyssey a prévu de lancer l’expédition en mars 2020 et la constructi­on du navire devrait débuter d’ici la fin de l’année à La Rochelle. En attendant, l’équipe a mis au point un prototype qu’elle balade en démonstrat­ion dans les grands ports de France. Celui de Marseille à compter de ce mercredi, avant La Rochelle, puis Paris.

Pas une solution miracle

Avec cette première machine, Plastic Odyssey se dit en capacité de traiter par heure 4 à 5 kg de déchets plastique, réduits au préalable en miettes de quelques millimètre­s, puis chauffés dans une cuve à 430 °C. De quoi obtenir trois litres de carburant : 75% de gazole et de kérosène et 25% d’essence. Le processus de pyrolyse donne aussi des résidus de charbon ainsi que du gaz. «Nous récupérons les premiers en vue d’en faire d’autres produits, comme des pneus, explique Alexandre Dechelotte. Quant au gaz, il sera réinjecté dans la machine en tant qu’énergie. »

La pyrolyse ne sera pas la solution miracle à tout. Elle se prête mal, par exemple, à certaines familles de plastique. De plus, « ceux que nous croiserons en mer ne nous seront d’aucune utilité, prévient Alexandre Dechelotte. Ils sont trop dégradés pour être pyrolysés. » Le catamaran devra donc faire le plein à chacune de ses escales en utilisant le plastique non recyclé ramassé sur place.

Ces limites mises de côté, la pyrolyse du plastique reste une piste sérieuse pour valoriser une plus grande partie des 320 millions de tonnes de plastique produites sur Terre chaque année tout en puisant moins d’énergies fossiles.

Plastic Odyssey a prévu 33 escales, presque toutes dans des pays émergents. La prochaine étape sera de concevoir des pyrolyseur­s qui tiennent dans des conteneurs maritimes déployable­s rapidement et à moindres frais. Earthwake, associatio­n cofondée par le comédien Samuel Le Bihan, y travaille aussi, et a présenté la semaine dernière un prototype.

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Le prototype du bateau doit être présenté ce mercredi à Marseille.

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