On a perdu le député Valls
L’élu, qui songerait à se présenter aux municipales catalanes, a déserté l’Assemblée
La blague a été lancée lors de l’élection du nouveau président de l’Assemblée, le 12 septembre. Comme tous les députés, Manuel Valls est appelé pour voter. Son siège vide fait rire l’un de ses collègues : «Il est déjà à Barcelone!» Depuis plusieurs mois, l’exPremier ministre songe à se présenter aux municipales espagnoles, en mai. En attendant, il a déserté l’hémicycle.
Bientôt la démission ?
Selon les données de l’association Regards citoyens, le député de l’Essonne apparenté LREM n’a siégé que quatre jours depuis fin mai et n’a plus été aperçu au Palais-Bourbon depuis le 13 juillet. «Son absence commence à être moquée, confirme Philippe Gosselin, député LR. Il n’y a pas urgence à ce qu’il démissionne, mais ça ne peut pas durer. On ne peut pas être un pied en France et un pied à Barcelone, il faut choisir…» Son adversaire locale, Farida Amrani, a lancé une pétition pour demander la démission du «député fantôme » : « Ce n’est pas normal. On lui demande d’être honnête avec les électeurs.» «Nous avions de nombreux échanges avec lui, quand nous avions besoin d’informations sur les réformes en cours. Mais, depuis quelques semaines, il est absent, confirme Jean-Philippe Dugault, référent LREM de Corbeil-Essonnes. Ça crée de l’agitation. Et ça suscite des interrogations pour la suite. »
La suite, ce pourrait être la démission. Selon la marcheuse du 91 Laurence Bénédetti, « la question est prématurée, mais il paraîtrait inconcevable qu’il garde ses rémunérations de député alors qu’il fait campagne en Espagne. » A ce propos, la loi sur le non-cumul ne précise pas ce qu’il en est pour un mandat étranger. « Il y a un vide juridique», admet Romain Rambaud, spécialiste de droit électoral. «Là où c’est plus ennuyeux, c’est par rapport à la mission NouvelleCalédonie, qu’il préside, relève quant à lui Philippe Gosselin. A la veille du référendum [le 4 novembre], ce serait dommage de ne pas pouvoir réunir notre mission, faute de président.» David Ros, 1er secrétaire fédéral PS d’Essonne, lui, est serein : « Manuel Valls ne fait jamais les choses à moitié. S’il est candidat à Barcelone, je pense qu’il se donnera tous les moyens pour réussir et qu’il démissionnera.»