La France n’a pas su faire son trou
La Ryder Cup, qui aura lieu dans les Yvelines, du 28 au 30 septembre, se disputera sans aucun joueur tricolore
« Comment la France n’est-elle pas capable de présenter un joueur capable de disputer la plus grande compétition du sport le plus élégant du monde ? » Le coup de gueule est signé d’une journaliste japonaise, présente à la Maison de la radio, qui accueillait le grand raout du golf français début septembre, dix jours avant la Ryder Cup. Christophe Muniesa, directeur technique national (DTN) de la Fédération française de golf (FFG) contient son agacement : « La FFG ne peut pas être considérée comme responsable. On a formé des champions du monde amateur, mais on n’a pas la main sur la carrière des athlètes pro. »
« Pas un pays de golf »
La France sait qu’elle organisera la Ryder Cup depuis 2011, et, pour la première fois dans l’histoire d’une épreuve centenaire, le pays hôte de la compétition ne présentera pas un golfeur de sa nationalité. Une faillite collective autant qu’individuelle. « On a eu Alexander Levy [89e joueur mondial] dans le coup jusqu’au mois de mai, mais il n’a pas passé l’été comme il fallait, regrette Thomas Levet, sélectionné en 2004. Pour être en Ryder Cup, il faut réussir un été dément. » Victor Dubuisson (17e mondial en 2014, année où il était sélectionné pour disputer l’épreuve, désormais 259e) aurait aussi pu y prétendre. Mais le Cannois disparaît parfois pendant six mois pour s’adonner à la pêche. Dubuisson ou Levy ne partagent pas le poids de l’échec du golf tricolore. « La France n’est pas un pays de golf, assène Franck Riboud, organisateur du tournoi d’Evian chez les filles. Et la Ryder Cup ne changera rien à l’affaire. » Façon de dire que la perception de ce sport n’a pas assez évolué dans l’Hexagone. « Il manque deux choses : des parcours beaucoup moins chers, ou plus chers pour ceux qui peuvent se les offrir, indique Levet. Il faut aussi créer des parcours plus accessibles pour le joueur débutant. » La Fédération répond qu’elle a fait le boulot. Panier moyen en baisse (1 000 € l’année contre 5 000 € dans les années 1980), création de parcours de proximité, partenariat avec l’Education nationale. Une piste de progression ? L’exposition médiatique. Diffuseur historique du golf, Canal+ s’est senti obligé de faire un geste pour offrir, au plus grand monde en clair, un peu de temps d’antenne à la Ryder Cup.