Un père aimant, mais imprudent
L’homme dont l’enfant a été sauvé par Mamoudou Gassama en mai a été, entre autres, condamné à trois mois de prison avec sursis
Le 26 mai, c’est déguisé en Buzz l’Eclair que Gabriel*, quatre ans et demi alors, a passé la journée avec son père à Disneyland. Mais c’est grâce à un autre super-héros, SpiderMan, qu’il a eu la vie sauve. Quelques heures après être rentré du parc d’attractions, l’enfant, laissé seul dans l’appartement familial parisien, a été secouru in extremis par Mamoudou Gassama. En une fraction de seconde, ce Malien de 22 ans, désormais naturalisé français, a escaladé à mains nues cinq étages pour mettre en sécurité le garçonnet suspendu au-dessus du vide.
« Ma plus grosse erreur a été de le laisser seul», a reconnu mardi, dans un quasi-murmure, le père de l’enfant devant le tribunal correctionnel de Paris. Le fonctionnaire originaire de La Réunion a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à suivre un stage de responsabilité parentale pour s’être soustrait à ses obligations familiales. Le soir de «l’incident», il décide d’aller faire des courses. Sa femme et son autre enfant sont encore à La Réunion; son fils, trop fatigué, absorbé par un dessin animé, refuse de l’accompagner. «Ce sont les enfants qui commandent ? » s’étonne la présidente. Devant un tribunal médusé, il explique ne pas avoir réalisé le danger que pouvait représenter cette portefenêtre ouverte sur le balcon.
Une «mauvaise réaction »
S’il souhaitait juste faire quelques courses, pourquoi s’est-il absenté pendant près d’une heure, alors que le supermarché était tout proche ? Surtout, pourquoi en a-t-il emprunté l’entrée la plus éloignée de son domicile ? « J’ai fait ce détour pour récupérer un Pokémon», confie-t-il. S’il reconnaît avoir joué à ce jeu sur son téléphone, c’était pour se rapprocher de son fils, « pour lui faire plaisir ». « La priorité n’était-elle pas de rentrer?» le sermonne la présidente. Aux policiers, Gabriel a expliqué qu’il pensait que son père était retourné à Disneyland sans lui. C’est pour le rejoindre qu’il a enjambé le balcon, la porte d’entrée étant fermée. Il tombe d’un étage, puis se rattrape à la balustrade de l’appartement d’en dessous. Trois mois après les faits, il n’a «pas l’air traumatisé » par cette affaire, a rapporté la spécialiste de l’enfance qui l’a examiné. L’évaluation sociale n’a pas permis de déceler d’autres manquements aux obligations parentales, aucune mesure éducative spécifique n’a donc été mise en place. «C’est la mauvaise réaction d’un bon père», a insisté son avocat, Romain Ruiz, qui réclamait la relaxe. Si la procureure a vu dans ce prévenu un « bon père qui aime profondément ses enfants», elle a réclamé six mois de prison avec sursis à son encontre. « C’est une compromission d’une gravité exceptionnelle. » Certes, la seule constatée, mais dont les conséquences auraient pu être irréparables.
* Le prénom a été changé.