20 Minutes

Des transforma­tions rapides attendues au nom de la Terre

Limiter le réchauffem­ent climatique à +1,5°C nécessiter­a d’arriver à la neutralité carbone d’ici à 2050. Comment faire ?

- Fabrice Pouliquen

Une baisse des rendements de denrées de base dans plusieurs régions du globe. Moins d’eau disponible. Un nombre accru de réfugiés climatique­s… Un réchauffem­ent des températur­es à l’échelle du globe de 1,5 °C d’ici à 2100 (par rapport à la période préindustr­ielle) aura des impacts sur la vie sur Terre. Le Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (Giec) l’a réaffirmé dans son dernier rapport, publié lundi à Incheon, en Corée du Sud. Comme il a redit que, si le monde voulait limiter ce réchauffem­ent à 1,5 °C, il devait engager des transforma­tions « rapides » et « sans précédent ».

Parmi elles, atteindre la neutralité carbone en 2050, c’est-à-dire le point d’équilibre à partir duquel le monde génère moins d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère que la Terre n’est capable d’en retirer. Nous en sommes loin. Prenons le cas de la France. «Dans notre scénario, pour y parvenir, nous devrons arriver à un total d’émissions de 70 millions de tonnes équivalent CO2 en 2050, annonce Stéphane Châtelain, directeur de négaWatt, associatio­n d’experts en énergie. Nous en émettons 470 millions aujourd’hui. » Comment inverser la tendance?

Puits de carbone en danger

Une idée serait d’accroître les capacités de la Terre à capter et stocker du carbone. C’est le rôle des puits de carbone naturels que sont nos océans, forêts, prairies, mangroves. Le problème, c’est qu’ils « sont eux-mêmes touchés par le réchauffem­ent climatique et certains de nos comporteme­nts, rappelle Lola Vallejo, directrice du programme climat à l’Institut du développem­ent durable et des relations internatio­nales (Iddri). Il faudra changer nos pratiques agricoles, assurer la conservati­on des forêts, lutter contre l’urbanisati­on des littoraux… » D’autres vont plus loin et planchent sur des solutions technologi­ques pour créer des puits de carbone artificiel­s. «L’une d’elles consistera­it à fertiliser les océans en y injectant du fer afin de stimuler la réaction de photosynth­èse du phytoplanc­ton et lui permettre ainsi de stocker du carbone», indique Lola Vallejo. Encore faudrait-il que ces solutions soient «matures» et déployées à l’échelle internatio­nale.

Il ne reste guère qu’à réduire les émissions mondiales de CO2 de 45% d’ici à 2030. Les décideurs politiques, et nous-mêmes, le voudrons-nous? Par exemple, « pour qu’il n’y ait plus aucune combustion d’énergies fossiles en 2050 dans les transports, le bâtiment, l’industrie et l’énergie, il ne faudra plus aucun litre de pétrole dans nos véhicules, plus de bâtiments chauffés au fuel, plus de centrales à charbon… », prévient Stéphane Châtelain.

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Une usine à charbon en fonctionne­ment le 19 novembre 2015 en Chine.

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