Grosse série noire pour les Bleus
Battu par l’Afrique du Sud samedi, le XV de France a enchaîné une cinquième défaite d’affilée. Ça commence à faire beaucoup
C’est marrant, c’est en général dans l’autre sens que ça marche. Pas trop abattu à la sortie de la nouvelle défaite du XV de France – la cinquième de suite, samedi soir face à l’Afrique du Sud –, le sélectionneur Jacques Brunel s’est réveillé colère dimanche : « Hier [samedi], j’essayais d’en garder le positif. Aujourd’hui [dimanche], je suis très énervé quand même, car on perd un match qu’on ne doit jamais perdre. On n’a pas bien géré, notamment, les quatre dernières minutes. »
Pour passer d’une défaite encourageante à un match imperdable en une nuit, Jacques Brunel a sans doute eu le temps de revoir cette fameuse fin de rencontre, ou de se refaire le film de la soirée. Et d’en arriver à la conclusion que quels que soient les scénarios, les joueurs, l’adversaire, les conditions climatiques ou les numéros du loto, ce XV de France finit toujours par échouer. Même avec quatorze points d’avance, même avec une mêlée dans les 22 m adverses à trente secondes de la fin, même quand les mecs en face n’ont pas particulièrement envie d’être là… Cruel ? Une fois, peut-être. A force, ça devient juste banal, symptomatique d’une équipe un peu moins forte que les autres.
« A la 79e minute, avec une mêlée dans leurs 22 m, on doit être capable, comme on le fait week-end après week-end en championnat, de tuer le match, résume le deuxième ligne Yoann Maestri. Il y a eu l’Irlande l’année dernière [défaite 15-13 dans le Tournoi 2018 sur un drop de Sexton à la dernière seconde], d’autres matchs les années passées que tu dois gagner, mais que tu perds par manque de maîtrise, de beaucoup de choses. Mais ça, on le dit depuis des années. Malheureusement, on est à notre place. On est abattu. On dirait qu’on ne veut pas gagner. »
On peut au moins féliciter les Bleus de ne pas se cacher la vérité, parce qu’à un an de la Coupe du monde, elle est fâcheuse : on ne sait plus comment gagner un match et on se met tout seul en situation de les perdre. Deux victoires sur les neuf matchs de l’ère Jacques Brunel, et un déficit de confiance tellement évident qu’il en vient à être bien plus dramatique que tous les autres maux dont on accable notre rugby depuis la finale de 2011. Face à l’Afrique du Sud, selon Brunel, ce n’était pas de la « crainte de perdre », juste un « mauvais enchaînement ». Qu’est-ce que sera, samedi, face à l’Argentine? Le sélectionneur prévient : « On ne peut plus se permettre de laisser passer des occasions comme ça. »
« Malheureusement, on est à notre place. On dirait qu’on ne veut pas gagner. » Yoann Maestri