20 Minutes

Le détachemen­t du père du bébé dans le coffre

Le conjoint de Rosa Da Cruz a été entendu par la cour d’assises mardi

- De notre envoyée spéciale en Corrèze, Hélène Sergent

« Il n’y a pas de papa formidable », euphémise Rosa Da Cruz. Jugée devant la cour d’assises de Corrèze pour violences volontaire­s ayant entraîné une infirmité permanente sur sa fille Séréna, née clandestin­ement en novembre 2011, la quinquagén­aire a tenté mardi, au deuxième jour de son procès, d’épargner son conjoint, Domingo Alves. Mis en examen au début de la procédure, ce maçon de 45 ans, père des quatre enfants de l’accusée, a bénéficié d’un non-lieu.

« C’est une bonne mère »

Accompagné d’un interprète en langue portugaise, Domingo Alves a répété qu’il «ne savait rien» de cette quatrième grossesse et de la naissance de Séréna. Interpellé en état d’ivresse le jour de la découverte de la fillette de 24 mois dans le coffre de la Peugeot 307 de sa conjointe, il a expliqué avoir été informé de l’existence de l’enfant lors de sa garde à vue. Comment le père des enfants élevés par le couple et tous trois en bonne santé a-t-il pu ignorer pendant deux ans la présence de ce nourrisson ? Pour tenter de répondre à cette question, la cour est revenue sur les liens qui unissent le couple depuis quinze ans et sur ses dysfonctio­nnements. En 2003, Rosa Da Cruz tombe enceinte de son premier enfant après un séjour au Portugal où elle retrouve Domingo Alves, ami d’enfance. Résidant en France, la jeune femme l’informe par téléphone de cette grossesse au bout de quelques mois. Absent après l’accoucheme­nt, il finit par rejoindre définitive­ment la mère de son fils en Corrèze. Un an plus tard, l’accusée accouche au Portugal dans la salle à manger de ses beaux-parents. Tous ignoraient qu’elle était enceinte, elle y compris. C’est son premier déni de grossesse. Le troisième enfant du couple, une petite fille désirée, selon la mère, sera connu du père au bout de six mois seulement. De ces naissances pourtant atypiques, Domingo Alves peine à se souvenir. Extérieur aux grossesses de sa conjointe, l’homme l’est aussi dans la gestion du quotidien. «Il a été élevé dans une famille au Portugal où les hommes sont machos, privilégie­nt leurs sorties à eux », l’excuse Rosa Da Cruz après l’audition de son concubin. Et lorsque ce dernier est accusé de viol par une femme avec laquelle il reconnaît une relation extraconju­gale, l’accusée, encore, « pardonne ». Ce détachemen­t, Domingo Alves l’affiche aussi vis-à-vis des faits reprochés à Rosa Da Cruz. «Elle n’aurait pas dû faire ce qu’elle a fait, mais je continue à vivre avec elle parce que c’est une bonne mère pour les enfants», explique-t-il simplement. Elle encourt vingt de prison. Qu’en penset-il ? s’enquiert l’avocate de la partie civile. «Elle a pas fait ça pour faire du mal à ma fille, si elle avait voulu faire du mal, elle l’aurait tuée! Pour moi, elle est arrivée à un point de mensonge où elle était obligée.»

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L’accusée a dissimulé son bébé pendant deux ans dans son coffre de voiture.

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