20 Minutes

«Les “gilets jaunes” n’ont pas de revendicat­ion partisane»

Le mouvement est porté par «une France qui souffre de déclasseme­nt», selon le chercheur Romain Pasquier

- Propos recueillis par Laure Cometti

A trois jours de leur premier test, les « gilets jaunes » continuent d’inquiéter l’exécutif et de déstabilis­er les partis d’opposition. 20 Minutes a interrogé Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’institut d’études politiques de Rennes, sur la sociologie de ce mouvement né sur les réseaux sociaux.

Que révèle la genèse de ce mouvement ?

C’est un mouvement ascendant et protéiform­e, qui n’est pas porté par une institutio­n. La hausse du prix du carburant a peut-être été la goutte d’eau dans un ensemble de frustratio­ns socio-économique­s d’une France qui souffre d’un déclasseme­nt, et qui dit son ras-le-bol fiscal. Et en matière de fractures sociales, spatiales et territoria­les ?

Ce mouvement est porté par une France rurale et périurbain­e, qui travaille loin de son domicile et qui vit loin des services publics. Les «gilets jaunes» semblent en majorité issus des classes populaires et moyennes basses. Il s’agit de commerçant­s, d’artisans ou de travailleu­rs pauvres. A ce stade, que peut-on dire du profil politique des « gilets jaunes » ? Le mouvement semble compter des sympathisa­nts de droite, de gauche, d’extrême droite et d’extrême gauche. Il a une diversité idéologiqu­e, mais une cohérence territoria­le et sociale : les « gilets jaunes » partagent un ressenti lié à leur vécu territoria­l et socio-économique. Ils ne s’ancrent pas dans une revendicat­ion partisane.

Le signe d’une défiance vis-à-vis des partis et des syndicats ?

C’est possible, en tout cas, c’est révélateur de l’incapacité des partis et des syndicats à porter les revendicat­ions des « gilets jaunes » et à leur répondre.

Les mesures que le Premier ministre doit annoncer ce mercredi peuvent-elles calmer la grogne ?

Elles pourront peut-être contribuer à démobilise­r certains, mais le mouvement s’ancre dans un ras-le-bol plus général. Pour l’instant, le mouvement est peu formalisé, il repose sur des crises de colère, ce qui est d’autant plus dangereux pour le gouverneme­nt. Va-t-il se matérialis­er lors des européenne­s ? Débouchera-t-il sur un mouvement social comme celui de 1995 ? On ne le sait pas encore. Une semaine après l’effondreme­nt de deux immeubles à Marseille qui a fait huit morts, des perquisiti­ons ont été menées mardi dans des services de la mairie ainsi qu’au siège du bailleur social Marseille habitat.

Une affaire de pédophilie

« hors normes » dans la Nièvre. C’est une affaire « hors normes par le nombre de mis en cause », selon le parquet. Cinq hommes et trois femmes, dont les parents de quatre garçons, ont été mis en examen dans la Nièvre pour viols et agressions sexuelles sur ces enfants, probableme­nt pendant plusieurs années.

Une plainte contre le site Pornhub, accessible aux mineurs. L’Observatoi­re de la parentalit­é et de l’éducation numérique a déposé plainte contre Pornhub. Ce site de vidéos pornograph­iques ne restreint pas, notamment, son accès aux mineurs.

LFI presse le gouverneme­nt d’accélérer sur la PMA. Des députés insoumis ont préparé une propositio­n de loi visant à « faire de la PMA un droit universel », alors que le projet de loi sur la bioéthique prend du retard.

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Les « gilets jaunes » appellent à une manifestat­ion d’ampleur samedi.

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