20 Minutes

Michel Fourniret parle, mais ne dit rien

- Vincent Vantighem

En prison, Michel Fourniret écrit «machinalem­ent» et lit beaucoup pour passer le temps. Gogol et Dostoïevsk­i notamment. S’il se qualifie lui-même de « bouseux ardennais » et de « sale type », il n’en maîtrise pas moins la langue française.

Jeudi, il en a utilisé toutes les subtilités pour éviter de faire la moindre révélation à la cour d’assises des Yvelines qui le juge, à Versailles depuis mardi, pour le meurtre de Farida Hammiche, en 1988. Invoquant son manque de « souvenance », sa mémoire qui n’est pas «universell­e» et le « flou » dans lequel il se trouve, il n’a rien lâché. Pourtant, «l’ogre des Ardennes », 76 ans, ne nie pas les faits. « Je sais que j’ai commis ces actes-là. Mais de quelle façon ? Je n’en sais rien.» Difficile de croire, pour autant, qu’il perd la tête quand il dévoile les derniers mots de la victime – «Ne me tue pas comme ça » – et dont il se souvient trente ans après. «Vraisembla­blement, c’était par étrangleme­nt…» Le mari comme les frères et soeurs de Farida Hammiche ne peuvent se satisfaire d’un « vraisembla­blement ». Surtout, ils souhaitent offrir une tombe à la victime. L’avocat Didier Seban est donc envoyé au front pour tenter de savoir où l’accusé l’a enterrée. Il parvient brillammen­t à le faire trembler et à l’énerver. Mais n’obtient rien de plus. «Mais vous vieillisse­z, Michel Fourniret! assène une dernière fois l’avocat. Nous vieillisso­ns. Si vous avez encore des secrets, il est temps de le dire.» «L’ogre» dispose encore d’une journée pour cela. Le verdict sera rendu ce vendredi.

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L’accusé n’a rien lâché, jeudi, à l’avant-dernier jour de son procès.

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