Des préjugés, faisons table rase
« 20 Minutes » fait la lumière sur le validisme, les discriminations que subissent les personnes handicapées. La cheffe d’entreprise Deza Nguembock lutte contre ces clichés.
Ce n’est pas parce qu’une personne est sourde ou atteinte d’une malformation qu’elle est moins compétente. L’affirmation n’a rien de polémique, pourtant, les personnes handicapées restent très touchées par le chômage (19% en 2017), notamment de longue durée. Parmi les présumés coupables, l’accès difficile à la formation, des entreprises pas toujours accessibles, mais aussi le validisme, une forme de discrimination qui repose sur l’idée que handicapé signifierait inférieur. «Nous entendons dénoncer et combattre le validisme qui fait de la personne valide en bonne santé la norme universelle et l’idéal à atteindre », clame le Collectif lutte et handicaps pour l’égalité et l’émancipation (CLHEE). En France, il est l’un des rares à se positionner sur ces questions. «La personne handicapée n’est pas présentée comme un acteur qui peut agir sur sa propre vie et celle des autres», explique Deza Nguembock, fondatrice de l’agence de communication E&H Lab, qui réalise notamment des campagnes de sensibilisation aux questions du handicap. «On reste dans l’idée qu’il est plus compliqué d’accueillir un travailleur handicapé qu’une personne qui ne l’est pas», ajoute Odile Rohmer, professeure en psychologie sociale à l’université de Strasbourg. Pourquoi parle-t-on si peu de validisme en France? Le terme, qui provient de la culture anglo-saxonne, correspond moins à l’approche française où «le principe de solidarité est très fort. La législation favorise l’inclusion, mais, en même temps, perpétue la discrimination, puisque des mesures différentes sont mises en place en faveur des personnes handicapées», souligne la chercheuse.
Deza Nguembock, elle-même handicapée, cherche à « accompagner l’évolution des perceptions, créer de nouvelles images. Certaines personnes n’assument pas leur handicap. Elles ont peur d’être rejetées. Mon travail, c’est d’abord de leur permettre d’accepter leur situation.»
Bataille d’images
« Les personnes handicapées se présentent toujours comme moins compétentes que des valides, acquiesce Odile Rohmer. L’image qu’elles ont d’elles-mêmes est souvent conforme à celle véhiculée par la société. » A savoir, « misérabiliste », complète Deza Nguembock.
Cette dernière rejette le terme «validisme » : « Il donne l’impression que c’est fait sciemment. Mais les gens n’ont pas conscience qu’ils discriminent ou font du mal à l’autre. » La cheffe d’entreprise appelle à une prise de conscience collective, qui passerait aussi par les médias : « Ce ne sont pas des sujets-événements, mais une réalité quotidienne.»
« Les personnes handicapées se présentent comme moins compétentes. »
Odile Rohmer, enseignante-chercheuse