«Je ne regarde pas le passé»
Louis Gustin a été victime d’un AVC à 24 ans. Depuis, il multiplie les actions de sensibilisation
« J’ai 28 ans. J’en avais 24 quand mon accident vasculaire cérébral (AVC) s’est produit. C’était le 27 février 2015 en Pologne, à Varsovie. » Depuis, Louis Gustin éprouve des difficultés d’élocution à cause de son aphasie, et son côté droit est paralysé. Mais rien de tout cela ne l’empêche d’agir, pour lui et pour les autres personnes handicapées.
« Tout à coup, j’ai vu vert. Je ne parlais plus, et je ne m’en rendais même pas compte. Mais je ne veux pas trop m’attarder sur ça ; je ne regarde pas le passé. » Réapprendre à parler est un combat, mais il relève le défi. « J’avais envie de partager mon savoir, apporter mon témoignage », explique-t-il. C’est pourquoi il lance en juin 2017 un blog au nom évocateur : « S’adapter ».
Il n’a lui-même pas manqué de le faire. Après plus de deux ans de rééducation pour récupérer progressivement la parole, le jeune diplômé de droit, alors en stage au Parlement européen à Bruxelles, parvient à interviewer un premier député européen. Deux autres suivront. « Je voulais savoir comment ils mettaient en place des directives pour les personnes en situation de handicap. J’ai pu me faire une idée précise de ce que le Parlement européen peut faire pour les personnes handicapées. Mais ce ne sont pas trois interviews qui vont changer la donne. » Louis Gustin poursuit les efforts et les rencontres en vidéo, comme celle de Sophie Cluzel, la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées. «J’ai aussi interrogé des personnalités associatives», souligne celui qui est membre de l’association France AVC, siège au conseil administratif de la Fédération des aphasiques de France, et travaille à l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Ladapt).
Parlementaires rééduqués
« Je préfère me poser la question de ce que je fais pour mon avenir.»
Son engagement ne s’arrête pas là. Avec sa compagne Elise, également victime d’un AVC et qui termine ses études de médecine, ils vont partir en 2019 en voyage en Europe, dans un van adapté à leur conduite. « On a déjà prévu des conférences. Elle expliquera les causes des AVC et comment se déroule la rééducation. Moi, je vais parler des associations, de mon blog, des interviews. J’inviterai des personnalités politiques, médicales et des associations », dans le but de sensibiliser. « Je ne veux plus parler du passé, affirme-t-il. Je préfère me poser la question de ce que je fais pour mon avenir.»