Ulis, une odyssée de l’inclusion
Au collège Gérard-Philipe de Paris, les élèves autistes bénéficient d’une classe adaptée (Ulis) en plus des cours classiques
Cinq adultes pour neuf enfants. Une unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis) ne fonctionne jamais totalement comme une classe conventionnelle. Pour la cinquième année, Cécilia Bournas est la coordinatrice de celle du collège Gérard-Philipe, dans le 18e arrondissement de Paris. Au quotidien, elle s’occupe d’élèves atteints de troubles envahissants du développement (TED), c’est-àdire d’autisme. Son combat, c’est l’inclusion.
« L’Ulis est un espace de travail. Le matin, on arrive et on se met en route. Les élèves travaillent 20 ou 25 minutes, avec une minuterie.» Les neuf collégiens auraient des difficultés à se concentrer plus longtemps. Ils ont besoin d’un suivi personnalisé, et des accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) sont présents à la fois pour assister Cécilia Bournas et pour s’occuper des adolescents.
Ne pas forcer les choses
Si les élèves ont l’âge d’être au collège, certains ont un niveau scolaire insuffisant pour suivre les cours classiques. Barry, par exemple, qui préfère travailler dans un box à l’écart avec un casque antibruit sur les oreilles, n’est pas toujours à l’aise en géométrie. Mais il parvient à suivre un nombre impressionnant de cours en dehors de l’Ulis. Car il s’agit bien là de l’objectif : l’inclusion. « Je les évalue en début d’année », afin de savoir si un élève de l’Ulis pourra suivre un cours conventionnel, précise Cécilia Bournas.
« On ne met pas la barre trop haut, mais, pour certains, c’est intéressant d’être dans un groupe classe, même s’ils n’arrivent pas à acquérir toutes les compétences, ajoute la coordinatrice. Ils apprennent aussi la posture de l’élève.» Pour Barry, en 6e, le volet social semble bien développé. « J’ai beaucoup de copains, j’en ai un milliard ! Ils m’aident un peu et, après, c’est moi qui fais.» En plus des classes d’histoire–géographie, le jeune garçon suit des cours de sciences et d’anglais hors de l’Ulis.
Une récréation éducative
« Mes copains m’aident un peu et, après, c’est moi qui fais.» Barry, élève autiste de 6e
«Je fais un cours classique et je vais leur expliquer un peu plus si besoin, en français plutôt, explique Youssouf Chanfi, le professeur d’anglais de Barry et d’un autre élève de l’Ulis. En classe, je les sollicite beaucoup pour de la répétition. C’est quelque chose qu’ils savent très bien faire.» Parfois mieux que d’autres. « Les enfants sont bienveillants avec eux, ils les laissent tranquilles.» Il faut dire qu’en début d’année, Cécilia Bournas « passe dans toutes les classes de 6e pour leur faire voir des vidéos sur l’autisme et répondre aux questions des élèves». Heureusement, car se mêler aux autres peut «représenter beaucoup de fatigue d’un point de vue social», souligne Cécilia Bournas. C’est pourquoi, après la vingtaine de minutes de cours, les enfants de l’Ulis disposent d’un temps libre pour faire ce qu’ils veulent : instruments de musique, tablettes avec jeux pédagogiques, ordinateurs, ils ont le choix. C’est ça leur vraie récréation, et la clé d’une bonne inclusion.