20 Minutes

L’économie bleue attend le feu vert

Selon ses penseurs, ce modèle, qui vise zéro déchet et zéro émission en créant de la croissance, pourrait changer le futur de la planète

- Laure Beaudonnet

La transition écologique n’était peutêtre qu’une sombre affaire de daltonisme. On voyait la révolution en vert alors qu’elle se jouait en bleu. La « blue economy » (bleu comme l’océan, comme le ciel, comme la Terre vue de l’espace), selon ses prophètes, pourrait changer le futur de notre planète. Ce modèle imaginé par Gunter Pauli, membre du Club de Rome et fondateur de l’institut Zeri, a contribué aux préparatif­s du protocole de Kyoto. L’idée : si on produit ce qui est disponible localement et qu’on valorise les déchets, on peut atteindre l’idéal de zéro déchet et zéro émission, tout en créant de la croissance. « Dans l’économie verte, tout ce qui est bon pour nous et pour la planète coûte cher, et tout ce qui est mauvais pour nous et pour la planète ne coûte pas cher », analyse Gunter Pauli, souvent qualifié de Che Guevara du développem­ent durable. Elle pose un problème de riche. A l’inverse, « dans l’économie bleue, ce qui est meilleur est moins cher », complète Idriss Aberkane, docteur en neuroscien­ces cognitives et économie de la connaissan­ce et président de la Fondation Bioniria. Ainsi, le déchet a de la valeur si on l’utilise correcteme­nt. « Un déchet est un produit dont la demande est négative, explique Idriss Aberkane. Il faut payer quelqu’un pour le prendre tellement personne n’en veut. » Si on observe la nature, le déchet n’existe pas. « Pour toute offre, il y a une demande », poursuit-il. Nos systèmes économique­s produisent des choses pour lesquelles il n’y a pas de demande. Avec l’économie bleue, grâce à la connaissan­ce, on peut transforme­r un déchet en richesse.

«Le drame se produira»

Alors que les rapports du Giec sont de plus en plus alarmistes, pourquoi tous les pays ne se sont-ils pas déjà mis à l’économie bleue ? « On doit passer de l’industrial­isation brutale à l’industrial­isation subtile », explique Idriss Aberkane. Et, comme toutes les révolution­s, l’économie bleue n’a pas achevé son destin. Pour Gunter Pauli, le réchauffem­ent climatique dépassera les 2 °C. « Le drame se produira, se désole-t-il. Mais quand il y a une force négative, il y a une force opposée, positive. La différence entre succès et perte totale, en général, ce sont quelques minutes ou quelques millimètre­s. On joue à la roulette. »

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La «blue economy» repose sur le modèle de la nature.
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L’entreprene­ur belge Gunter Pauli, fondateur de l’institut Zeri.

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