« La langue des émotions devrait être obligatoire »
La coach Eveline Bouillon explique l’importance de l’intelligence émotionnelle
Quand votre enfant se roule par terre parce qu’il veut un deuxième chocolat, il arrive que l’on s’interroge sur notre capacité (et sa capacité) à gérer les émotions. C’est l’intelligence émotionnelle, une notion que maîtrise Eveline Bouillon, coach et auteure de Quotient émotionnel (Hachette) et Mon carnet de coaching 100% émotions (Mango).
Pourquoi est-ce important de parler d’émotions aux enfants?
D’abord, les enfants ont une meilleure régulation des émotions que les adultes. Ils ont une grande capacité de résilience, ils sont profondément adaptables. Développer leur intelligence émotionnelle leur servira dans leurs vies de couple, professionnelle, sociale… Le plus tôt est le mieux, comme pour une langue.
C’est compliqué de dire à son enfant : « Ecoute tes émotions, mais arrête de faire des colères »…
Les bébés ont une intelligence émotionnelle très forte : si la maman va bien ou mal, ils le sentent. Mais la sociabilisation gomme cette intelligence. Aider un enfant à maîtriser ses émotions sans le canaliser passe par plusieurs étapes : j’accueille mon émotion, j’essaie de comprendre, de verbaliser, de comprendre l’émotion de l’autre et d’adapter ma réaction. Concrètement, si un enfant fait une grosse colère, on fait quoi?
Je conseille au parent de lui dire : «Je vois que tu ne vas pas bien, qu’est-ce qui se passe en toi ? » Rien qu’avec ça, on l’aide à se connecter à ses émotions au lieu de casser le lien entre conscient et émotionnel. En revanche, « pourquoi» n’est pas la bonne question, c’est trop général. Mieux vaut une question précise sur un moment de la journée : «Il s’est passé quelque chose à la cantine?» L’enfant a besoin qu’on acte sa colère et qu’on lui donne l’espoir de trouver une sortie.
Comment faire pour aider ses élèves ou ses enfants à apprendre cette langue des émotions ? L’apprentissage de la langue des émotions devrait être obligatoire à l’école! En Suède et en Norvège, il existe des ateliers de sensibilisation aux émotions dès la maternelle. En France, ça commence. Des enseignants proposent, par exemple, des dessins de visages en colère, contents, fatigués... et chaque enfant donne sa météo intérieure.