20 Minutes

Les propos de Murielle Bolle retirés du dossier?

Affaire Grégory La cour d’appel de Paris doit annoncer ce jeudi si elle retire du dossier les déclaratio­ns que Murielle Bolle a faites en 1984

- Vincent Vantighem

Trente-cinq ans après les faits, l’enquête judiciaire consacrée à l’assassinat du petit Grégory semble continuer de s’effondrer par pans entiers. Au grand dam des parents du garçonnet de 4 ans, découvert mort, pieds et mains liés, dans les eaux de la Vologne (Vosges) le 16 octobre 1984. Ce jeudi matin, la cour d’appel de Paris doit dire si elle retire du dossier les déclaratio­ns sensibles que Murielle Bolle a faites sur cette affaire, lors de sa garde à vue en novembre 1984.

Quelles déclaratio­ns pourraient disparaîtr­e de l’enquête ? Quand elle est placée en garde à vue le 2 novembre 1984, Murielle Bolle n’est encore qu’une adolescent­e de 15 ans. Mise en confiance, elle raconte que, le 16 octobre de cette année-là, son beau-frère Bernard Laroche est venu la chercher à la sortie du collège, dans sa Peugeot 305 vert-gris. Elle explique surtout que celui-ci a embarqué Grégory, qu’il est descendu avec lui « près d’une petite place » avant de revenir seul «un peu plus tard». Mais, après une soirée mouvementé­e dans sa famille où elle aurait été « recadrée », Murielle Bolle se rétracte et revient sur ses déclaratio­ns initiales.

Pourquoi cette partie de l’enquête pourrait-elle être annulée ? Bien que Murielle Bolle soit revenue sur ses propos dès le 5 novembre 1984, ceux-ci figurent toujours au dossier judiciaire. Ils l’empoisonne­nt même depuis trentecinq ans. A tel point que Murielle Bolle a décidé de saisir la Cour de cassation. En février 2019, cette juridictio­n a reconnu que la garde à vue qu’elle avait subie en 1984 avait été effectuée en applicatio­n de dispositio­ns « anticonsti­tutionnell­es », la jeune femme n’ayant été épaulée par aucun avocat, par exemple. En conséquenc­e, la cour d’appel de Paris a été chargée de séparer le bon grain de l’ivraie à l’intérieur de la procédure. Lors d’une audience en décembre, les avocats de Murielle Bolle ont demandé que 198 passages ou extraits soient biffés. Car, outre les déclaratio­ns de Murielle Bolle, tous les actes qui ont découlé de sa garde à vue peuvent être annulés.

Quelles conséquenc­es cela peut-il avoir sur la procédure? Pour JeanPaul Teissonniè­re, l’avocat de Murielle Bolle, la décision qui sera rendue ce jeudi sera « symbolique ». Convaincu qu’une partie des déclaratio­ns de sa cliente seront annulées, il précise que ce n’est qu’un « aspect secondaire » du dossier, la vérité étant, selon lui, ailleurs. Avocat historique des parents du petit Grégory, Thierry Moser pense qu’une disparitio­n massive des déclaratio­ns du dossier serait « gênante pour la recherche de la vérité». Mais, en l’espace de trente-cinq ans, il a appris à être philosophe. « Cela fait longtemps qu’on a compris qu’on ne pourrait pas utiliser les déclaratio­ns de Murielle Bolle contre elle, lâche-t-il. Mais on souhaite qu’elles restent dans le dossier pour les utiliser contre d’autres personnes. »

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Murielle Bolle (ici en 1993) avait 15 ans quand elle a accusé son beau-frère.

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