20 Minutes

L’Ile-de-France, dernière à trinquer

C’est dans la région que la consommati­on d’alcool est la moins fréquente

- Guillaume Novello

« Ça faisait 12 bières que je m’enfilais », attaquait en 1981 le Parisien Renaud dans sa chanson J’ai raté Télé-Foot. Aujourd’hui, ce comporteme­nt est devenu minoritair­e, selon une étude de Santé publique France publiée mardi. « La consommati­on d’alcool, chez les jeunes âgés de 17 ans et chez les adultes de 18 à 75 ans, était plus faible en Ile-de-France en 2017 que dans les autres régions métropolit­aines», indique le rapport. Mieux, les alcoolisat­ions ponctuelle­s importante­s (six verres ou plus en une seule occasion) mensuelles sont les plus faibles de métropole avec un taux de 13,9 % en Ile-de-France, tandis que la consommati­on quotidienn­e dans la région a chuté de 19,9 % à 6,1 % entre 2000 et 2017.

Pour François Beck, chercheur à l’Inserm et ancien directeur de l’Observatoi­re français des drogues et des toxicomani­es, « cette différence de l’Ile-de-France par rapport aux autres régions est quelque chose que l’on observe depuis une vingtaine d’années et qui s’affine, explique-t-il. Mais ça reste un sujet d’interrogat­ion. »

La première hypothèse est qu’il y a « des facteurs culturels qui jouent fortement, avec des environnem­ents moins favorables qu’ailleurs à certains modes d’alcoolisat­ion », poursuit le chercheur. Ainsi dans certaines régions, comme la Bretagne, l’ivresse est positiveme­nt associée à la fête, ce qui est globalemen­t moins le cas en Ile-de-France.

Par ailleurs, même si ce n’est pas le facteur le plus important, la moindre accessibil­ité à l’alcool en Ile-de-France, notamment en raison du prix plus élevé, joue aussi. « Le fait de ne pas avoir à dispositio­n d’alcools très peu chers contribue à limiter la consommati­on », affirme François Beck. « On a une barrière liée au prix, donc on consomme moins, abonde Nicolas El Hakim, président des restaurate­urs de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) et propriétai­re de deux restaurant­s à Paris. En Ile-deFrance, le cocktail, type Moscow Mule ou Cosmopolit­an, est très à la mode, mais va chercher dans les 15-18 €. En province, on est plus à 10-12 €.»

« On observe cette différence depuis une vingtaine d’années. » François Beck, chercheur

«Un verre ou deux maximum»

Enfin, le président des restaurate­urs de l’Umih avance une raison plutôt triviale : « Les consommate­urs d’alcool francilien­s sont beaucoup plus vigilants sur la limite de consommati­on d’alcool avant de prendre le volant, car il y a beaucoup plus de contrôles routiers qu’en province. Les gens prennent un verre d’alcool ou deux au maximum. On sait que, si un client prend l’apéro, il ne va pas prendre de vin, ou alors un seul verre. » Il y aurait plus de Sam en Ile-de-France qu’ailleurs, donc moins de buveurs.

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La consommati­on quotidienn­e a chuté de 19,9 % à 6,1 % entre 2000 et 2017.

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