Le Paris de la NBA
La ville reçoit un match de la ligue américaine de basket, ce vendredi. Et elle ne compte pas s’arrêter là.
Ils n’ont pas attendu la venue d’un match de NBA ce vendredi à Bercy pour saisir la balle au bond. Ils, ce sont les acteurs du basket parisien qui ont fait de la Ville lumière l’un des spots mondiaux de la balle orange, et particulièrement du streetboard (ou basket de rue). Cette montée en puissance a été rendue possible par un accompagnement fort de la Mairie de Paris. «Sur les trois dernières années, on a investi presque 3 millions d’euros pour la construction ou la rénovation de terrains extérieurs, comme celui des Halles ou ceux sous le métro Stalingrad», affirme JeanFrançois Martins, adjoint au sport.
Tournois, expos, concerts
La rénovation des terrains de Stalingrad, un temps occupés par des SDF, a été menée dans le cadre d’un projet de budget participatif porté par l’association
Meltin’Club. «Nous avons connu ce terrain à sa naissance en 1994, se souvient Bakary Sakho, cofondateur du collectif. Il était important de le préserver pour que des jeunes puissent continuer à y jouer.» Aujourd’hui, Meltin’Club promet « des tournois, des expos, des rencontres-débats, des concerts ». En parallèle, des entités privées ont financé la restauration de playgrounds dans la capitale. « On a travaillé avec les grands clubs et les équipementiers afin d’aller chercher des fonds privés pour faire des terrains, non seulement neufs, mais qui ont en plus un peu de style, comme le terrain Duperré dans le 9e, rénové avec l’aide de Nike et inauguré avec Lebron James en 2015», détaille l’adjoint au sport. La Mairie de Paris a noué depuis quelques années des liens avec la NBA, avec pour résultat, entre autres, la rénovation en 2016 du playground rue Charles-Moureu (13e). A côté de ce travail sur les infrastructures, le tournoi Quai 54 s’est affirmé comme le plus grand événement streetboard au monde. «On a créé le tournoi en 2003 pour pouvoir s’amuser entre amis, raconte Hammadoun Sidibé, fondateur de l’événement. En 2019, il y avait 15 000 spectateurs sur le weekend avec 160 joueurs sur le terrain.»
Le succès de la compétition urbaine a été accompagné par la Mairie, qui «nous fait confiance dans le développement de l’événement», se réjouit Hammadoun Sidibé. L’engouement pour Quai 54 et le streetboard se vérifie aussi sur les playgrounds parisiens. « Malgré le froid actuel, les terrains de Stalingrad sont constamment occupés, se félicite Bakary Sakho. Il y a une très forte demande de streetboard, une volonté de pratiquer en dehors du basket académique. » Jean-François Martins abonde : «Dès qu’on rénove ou qu’on crée un terrain de basket, il est tout de suite plein. »
«Malgré le froid actuel, les terrains sont constamment occupés. » Bakary Sakho, Meltin’Club
C’est le jour J. Le grand cirque de la NBA est en représentation exceptionnelle ce vendredi à Paris avec un match de saison régulière entre les Milwaukee Bucks de Giannis Antetokounmpo et les Charlotte Hornets de Nicolas Batum.
« La NBA est très populaire en France, il y a beaucoup de joueurs français qui y évoluent, rappelle le capitaine des Bleus sur le site de la NBA. J’espère que ça va devenir un rendez-vous régulier lors des prochaines saisons. » Bonne nouvelle, la ligue américaine a déjà officialisé son retour à Paris l’année prochaine (lire l’encadré), preuve que les fromages qui puent ont su séduire les rois du basket mondial.
Un marché attractif
Comment ? Réponse détaillée de l’adjoint au sport à la Mairie de Paris, Jean-François Martins : « On a investi sur des terrains, on a soutenu et refait émerger un club professionnel à Paris. On est en train de construire une nouvelle salle consacrée au basket [la Paris Arena II à la porte de la Chapelle]. Cette crédibilité-là, portée par le fait qu’on soutient le plus grand événement streetball au monde, Quai 54, sur lequel tous les plus grands joueurs NBA sont venus, c’est tout ça qui nous a permis de les convaincre. » L’argument financier est évidemment aussi capital. « La NBA est une multinationale qui cherche à capter des marchés et comme il y a une passion française pour la NBA, pour elle, ça veut dire consommation, public, engouement, notoriété et positionnement, explique l’économiste du sport Pierre Rondeau, Paris, c’est tout bénef pour la NBA, car c’est une terre vierge avec un terrain préparé par Michael Jordan, qui produit des maillots du PSG. » Ce n’est pas un hasard si c’est justement la franchise dirigée par MJ, les Charlotte Hornets, qui inaugure ce nouveau partenariat.