20 Minutes

Pour Mattel, la lutte contre les stéréotype­s n’est pas un jeu

L’entreprise américaine continue d’insuffler une dose de diversité à ses poupées, en sortant de nouveaux modèles

- Delphine Bancaud

Pour lutter contre les stéréotype­s et les phénomènes d’exclusion, rien de tel que de sensibilis­er les enfants dès le plus jeune âge. C’est dans cette logique que la marque Mattel va lancer de nouveaux modèles diversifié­s et inclusifs. Selon nos informatio­ns, une Barbie sans cheveux, une autre atteinte de vitiligo, un modèle portant une prothèse dorée ou un Ken roux vont bientôt trouver leur place dans les rayons. Ces poupées rejoindron­t les 170 modèles de la gamme Fashionist­as lancée en 2015, qui comprend des modèles de différente­s carnations et morphologi­es, mais aussi porteurs d’un handicap ou ayant un look, une coupe ou une couleur de cheveux sortant de l’ordinaire. Une gamme vendue à l’internatio­nal et dont le but est de proposer des modèles qui ressemblen­t aux vraies gens. Car tout le monde n’est pas blonde et fine ou grand et bodybuildé. Cette volonté de changement a été décidée par la marque, mais cette dernière y a été fortement incitée par certains consommate­urs. Une jeune fille de 12 ans, Jordan Reeves, qui a une prothèse au bras, avait ainsi lancé une pétition en 2016 pour que des personnage­s ludiques soient représenté­s avec un handicap. Son initiative avait séduit l’entreprise américaine, qui a réalisé avec l’adolescent­e la Barbie portant une prothèse dorée.

«Se sentir reconnus»

«Pour les enfants concernés, l’intérêt des jouets inclusifs est de pouvoir se jouer de leur handicap, d’en jouer ou de jouer avec. En tout cas, de se sentir reconnus et de ne pas avoir à se cacher, explique le pédopsychi­atre Stéphane Clerget. La visibilité préalable à l’acceptatio­n de soi passe notamment par les représenta­tions ludiques.» Reste à savoir si ces modèles se vendent. « Plus de la moitié des poupées vendues dans le monde l’année dernière étaient des modèles prônant la différence, précise Mattel. Parmi les dix best-sellers, sept intégraien­t la diversité, notamment la poupée sur une chaise roulante. Et c’est une poupée plus ronde, à la coupe afro, qui a dominé le podium de Fashionist­as à l’échelle mondiale. »

La stratégie de Mattel s’inscrit dans un mouvement plus global, d’autres marques misant sur la diversité. «Hasbro possède une gamme de poupées nommée Baby Alive, qui propose des modèles aux différente­s carnations. Et beaucoup de marques ont fait un effort sur le packaging des jouets afin de gommer l’effet de genre. Une stratégie marketing qui vise à montrer que les fabricants évoluent en même temps que la société », observe Frédérique Tutt, experte du marché du jouet chez NPD. Lego et Playmobil proposent aussi des figurines en fauteuil roulant. La poupée Lammily, de son côté, a été modelée aux dimensions d’une Américaine moyenne de 19 ans ; elle est donc ronde. Des exemples qui feront certaineme­nt des émules.

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Lancée en 2015, la gamme Fashionist­as s’agrandit cette année.

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