20 Minutes

Changement­s hors série pour les Experts

Peu habituée aux remous et aux échecs, la fédération française se sépare du sélectionn­eur des Bleus, Didier Dinart

- William Pereira

Mardi matin, à la Maison du handball, deux hommes font face à la presse. Joël Delplanque, patron de la fédé, et Philippe Bana, le directeur technique national. Un coup d’oeil à gauche, à droite, on balaie la salle du regard. Rien. Pas de Didier Dinart. L’ambiance est tendue, le silence de cathédrale. Delplanque plante la première banderille sur un ton grave, presque théâtral : « L’éliminatio­n prématurée de l’équipe de France à l’Euro, je l’ai personnell­ement mal vécue et même ressentie comme un véritable choc. » Au point de finalement évincer l’entraîneur Didier Dinart pour nommer à sa place son adjoint, Guillaume Gille. Face aux déroutes des équipes féminine et masculine, « l’état d’urgence » est décrété par le boss de la fédé. Les deux loustics donnent l’impression d’en faire beaucoup, comme à chaque (rare) crise du handball français. Mais l’émotion et l’abattement n’en demeurent pas moins sincères, car le risque est réel pour les Bleus de rater les JO et l’éviction brutale d’un coach n’est pas dans les gènes du handball français.

L’isolement du coach

Cette fois, après moult entretiens entre joueurs, staff et pontes de la fédé, décision a été prise de couper la tête du roi Dinart. « J’ai trouvé de vrais déchiremen­ts, une rupture de liens parce que la crispation de Didier l’avait amené à s’isoler, et qu’on n’a pas été capables de le sortir de cette spirale presque conflictue­lle », explique Philippe Bana.

Pour éviter un autre drame, Joël Delplanque a refusé d’inscrire Guillaume Gille sur le long terme.

Il a même intimement lié son avenir à la tête des Bleus au résultat de l’équipe lors du TQO (17-19 avril contre la Croatie, la Tunisie et le Portugal). « On fera le bilan dès le lendemain », promet Delplanque. Si les Français loupent la compétitio­n, l’ex-adjoint de Dinart survivra difficilem­ent à un tel désastre. En plus d’avoir été, comme il le rappelle, partie prenante du naufrage précédent. « J’ai participé à cet échec, je me suis planté aussi. » Deux bateaux coulés en trois mois, ça la foutrait mal pour un capitaine. Presque autant que virer deux coachs en si peu de temps pour une fédé réputée fidèle.

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Didier Dinart (à g.) et Guillaume Gille, lors des championna­ts du monde 2019.

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