20 Minutes

Jugé pour un incendie mortel

Procès Saad E.F. est soupçonné d’être à l’origine du sinistre, sur fond de querelle amoureuse

- Caroline Politi

Il n’aura fallu qu’une poignée de minutes pour que la panique gagne les sept étages du 158, boulevard Davout, à Paris (20e). La nuit du 31 mai au 1er juin 2016, peu après minuit, un incendie se déclare au 3e étage. Avant l’arrivée des pompiers, des témoins, impuissant­s face aux appels au secours hurlés depuis les fenêtres, posent des matelas par terre. Deux femmes, une mère et sa fille de 21 ans, résidant au 4e étage, meurent après s’être défenestré­es. Mardi s’ouvre devant la cour d’assises de Paris le procès de Saad E.F. Le jeune homme de 23 ans est soupçonné d’être à l’origine du sinistre.

Ce drame pourrait prendre racine dans une rivalité amoureuse qui a tourné à la querelle de voisinage. Le 7 mai 2016, le principal suspect se fiance avec Dounia N., 15 ans, qui vit avec sa famille au 3e étage, dans l’appartemen­t devant lequel l’incendie a démarré. Quinze jours plus tard, cette union est rompue : Saad E.F. a été aperçu embrassant la voisine du 2e étage, Kahina A. Dès lors, les insultes et altercatio­ns entre les deux familles deviennent quotidienn­es. Tout au long de l’instructio­n, l’accusé n’a pas cessé de nier. Il a reconnu avoir, à plusieurs reprises, menacé de faire « cramer » l’immeuble ou de s’en prendre à son ancienne petite amie, mais il affirme n’avoir jamais envisagé de mettre à exécution ses paroles.

«Il n’est pas violent»

« On peut lui reprocher d’être mythomane, volage ou irréfléchi, mais il n’est pas violent», insiste l’un des avocats du suspect, Me Grégory SaintMiche­l, qui entend plaider l’acquitteme­nt. Lui met en avant l’attitude de la famille N., particuliè­rement remontée depuis la rupture. A plusieurs reprises, dans des écoutes intercepté­es par les enquêteurs, Saad E.F. et Kahina A. évoquent la possibilit­é que le feu ait été déclenché par les proches de la jeune fille dans le seul but de l’accabler. « D’autant que, dans ce dossier, le bornage téléphoniq­ue montre que mon client n’a pas quitté l’immeuble de la journée et il n’apparaît sur aucune image de surveillan­ce de stations-service des alentours. Comment se serait-il procuré le carburant retrouvé sur la porte ? », interroge le conseil. L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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Le feu d’origine criminelle avait fait deux morts, boulevard Davout (20e).

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