20 Minutes

La crise des avocats met la justice au ralenti

Pour protester contre la réforme des retraites, les demandes de renvoi se multiplien­t

- Caroline Politi

«Le gouverneme­nt n’entend que les profession­s qui bloquent la France. Nous allons nous faire entendre en désorganis­ant la mécanique judiciaire. » La promesse, lancée début janvier par la présidente du Conseil national des barreaux, Christiane FéralSchuh­l, n’avait rien d’une menace en l’air. Depuis cinq semaines, les avocats, qui protestent contre la réforme des retraites, mènent une grève inédite, aussi bien par son ampleur que par sa méthode. En conséquenc­e, les tribunaux tournent au ralenti et les dossiers en souffrance s’accumulent. A Bobigny (Seine-Saint-Denis), entre 35 % et 42 % des affaires sont renvoyées chaque semaine depuis le début du mouvement, un taux qui atteint 70% pour les comparutio­ns immédiates. A Nanterre (Hauts-de-Seine), on dénombre entre 60 et 70 renvois par semaine, tous pôles confondus. « On a pris une année dans les dents », grince un magistrat de Pontoise (Val-d’Oise). Alors qu’un important travail pour réduire les délais de traitement avait été engagé dans la juridictio­n, la majorité des affaires, y compris des procès d’assises, sont renvoyées en 2021.

«C’est du forcing»

Les magistrats ont, dans un premier temps, accueilli avec une certaine bienveilla­nce le mouvement, mais son ampleur a progressiv­ement généré des tensions. ««a a d’importante­s répercussi­ons pour les justiciabl­es », insiste un magistrat parisien. Certains prévenus ou accusés en détention provisoire devront encore patienter de longs mois «à l’ombre» avant d’être jugés. Certains magistrats déplorent les méthodes employées. « Quand des avocats se mettent à douze pour défendre un prévenu ou multiplien­t les incidents d’audience, c’est du forcing», lâche l’un d’eux. Les propositio­ns faites par le Premier ministre, Edouard Philippe, cette semaine à la profession seront-elles de nature à mettre fin à la grève ? Le Conseil national des barreaux doit se réunir ce vendredi pour décider d’une éventuelle poursuite du mouvement.

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Le mouvement, ici à Bobigny, a été lancé début janvier.

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