20 Minutes

Cyrille Maret

«J’essaie de mettre du positif dans le décalage des JO»

- Propos recueillis par Nicolas Camus

Chaque semaine du mois de juin, 20 Minutes donne la parole à des athlètes qui auraient dû, d’ici à quelques semaines, participer aux Jeux olympiques. Médaillé de bronze lors des Jeux olympiques de Rio en – 100 kg, le judoka Cyrille Maret, de retour à l’Insep depuis un mois, raconte les difficulté­s rencontrée­s pendant cette période d’isolement forcé.

Avez-vous hésité avant de revenir à l’Insep ?

Non, pas du tout. Si on m’avait dit qu’on remettait le kimono tout de suite, j’aurais sûrement réfléchi. Mais là, j’avais une totale confiance en ce qui était proposé. Beaucoup de gens se sont battus pour qu’on ait le droit de retourner à l’Insep. C’était important pour nous de répondre présent. Pas un seul athlète n’a dit non. On a tous eu peur par rapport à ce qu’il s’est passé, et pouvoir revenir est un grand pas en avant. On a été touchés par la situation, comme tout le monde.

Le gain psychologi­que est supérieur au risque encouru, en fait ?

Oui. Mais cette réflexion-là, elle dépend vraiment de chacun. Pour moi, à 32 ans, il ne fallait pas que cette période dure plus longtemps. Parce que dans un premier temps, le judo m’a beaucoup manqué, mais ensuite il y a eu une période où je me suis posé beaucoup de questions. Tu ne sais pas si tu vas pouvoir reprendre, tu te dis qu’il va peut-être falloir penser à l’après. On ne sait pas quoi ! Il y a eu des passages négatifs pendant ce confinemen­t. Mais je ne me voyais pas arrêter comme ça, à cause d’un virus. Le plus dur, c’est qu’on n’avait aucune visibilité. Pendant plusieurs jours, il y avait une grande incertitud­e au sujet des JO. Beaucoup ont été affectés par le report. Il y a sûrement des femmes qui avaient prévu, par exemple, de faire un bébé après cette échéance, ou certains qui avaient décidé de prendre leur retraite et qui vont devoir attendre. Voir ses projets repoussés, ça peut être difficile psychologi­quement pour les athlètes. Qu’avez-vous finalement ressorti de ces réflexions ?

Je me suis dit que je n’étais pas à un an près. «a me laisse du temps pour me préparer encore mieux. Après, on a aussi entendu des choses sur 2021, sur le fait que ce n’était pas sûr non plus, que le virus serait toujours là. On ne maîtrise encore pas tout, on est dans le flou, mais là, ça commence à revenir à la normale.

Vous pensez que vous aurez besoin d’une aide psychologi­que pour évacuer le confinemen­t et gérer le fait de devoir repartir quasiment de zéro dans l’optique des JO ?

Je travaille déjà avec un préparateu­r mental depuis 2016 [Christian Ramos]. C’est quelqu’un qui vient du rugby, qui a touché à beaucoup de sports et qui ne connaissai­t pas le judo avant moi. Il m’a apporté énormément depuis les Jeux de Rio. On a beaucoup bossé ensemble pendant le confinemen­t, pour gérer cette période délicate, et aujourd’hui on essaie de mettre beaucoup de positif dans ce décalage d’un an.

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Le combattant de l’équipe de France a fait son retour à l’Insep il y a un mois.

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