«Tous les indicateurs sont au vert»
Le directeur de l’agence régionale de santé, Aurélien Rousseau, dresse un premier bilan
« Qui aurait pu imaginer qu’un jour la moitié de l’humanité serait confinée ? », interroge Aurélien Rousseau (photo). Le directeur de l’agence régionale de santé d’Ilede-France le reconnaît : il y a quelques mois, cette idée ne lui avait jamais traversé l’esprit. Un mois après le début du déconfinement, il dresse un premier bilan de l’évolution de l’épidémie dans la région.
L’épidémie est-elle sous contrôle en Ile-de-France, région la plus touchée ? Pour l’heure, tous les indicateurs sur la progression de l’épidémie sont au vert. On n’observe pas de reprise depuis le début du déconfinement. Mardi, l’Ile-de-France est passée sous la barre des 40 % de lits de réanimation occupés par des patients ayant le Covid. Le taux d’incidence de l’épidémie, c’est-à-dire le nombre de cas pour 100 000 habitants, est désormais de 6,2 et le taux de positivité des tests virologiques est de 2 %.
Est-ce à dire qu’il n’y aura pas de seconde vague ?
Dans cette épidémie, rien ne se passe en temps réel, il y a toujours quinze jours de décalage. Il convient donc de rester extrêmement prudent. Notre système de santé reste sous tension : 5 700 personnes ayant le Covid sont toujours hospitalisées en Ile-deFrance. Tous les jours, de nouveaux patients entrent en réanimation, d’autres décèdent. Les soignants sont épuisés par des semaines de bagarre et les mesures barrières dans les hôpitaux limitent les capacités d’accueil. Combien avez-vous détecté de foyers épidémiques en Ile-de-France ? Depuis le début du déconfinement, 39 clusters* ont été recensés, dont 21 sont toujours actifs. Il y en a actuellement cinq à Paris, quatre dans les
Hauts-de-Seine, trois dans l’Essonne, le Val-d’Oise ou le Val-de-Marne et un seul dans les trois autres départements franciliens. Un tiers d’entre eux ont entre trois et cinq cas, un autre tiers entre cinq et dix cas et on dénombre, dans les autres, entre dix et vingt cas. La découverte de ces clusters est-elle inquiétante ?
On s’attendait à en avoir bien plus. D’autant que, aujourd’hui, les deux tiers d’entre eux sont maîtrisés, 16% ont été clôturés, c’est-à-dire qu’il n’y a pas eu de nouveaux cas depuis quatorze jours, et 20% sont en cours d’investigation. J’y vois le signe de l’efficacité de la veille sanitaire, d’autant qu’on multiplie les tests, notamment dans les quartiers populaires, pour s’assurer qu’aucune catégorie de population ne passe entre les mailles du filet. On a également suivi près d’un millier de «cas complexes» depuis le 11 mai, c’est-àdire la présence d’un cas ou deux dans une école, une crèche ou dans un endroit où le risque de contamination de la communauté est important. * Ce chiffre ne prend pas en compte les clusters dans les Ehpad et les établissements de santé.