Les jeunes surexposés au chômage
Fin 2019, l’Insee estimait que 568 000 jeunes de moins de 25 ans, soit 19,2% d’entre eux, déclaraient chercher du travail. Avec la crise, selon les scénarios de l’exécutif, entre 165 000 et 320 000 jeunes supplémentaires pourraient être au chômage au second semestre 2020.
Selon le sociologue Emmanuel Sulzer, chargé d’études au Centre d’études et de recherches sur les qualifications, l’emploi des jeunes sert de variable d’ajustement en période de crise : «L’alternance et l’apprentissage sont procycliques : on en prend quand il y a des besoins. S’il y a un très fort ralentissement de l’économie, alors il y a un coup d’arrêt.» Dans l’agriculture, l’industrie, la construction ou l’hébergement, ou même les arts et spectacles, les employeurs anticipent des chutes de contrats d’apprentissage allant de 15% à 35% en 2020, d’après le ministère du Travail. D’où le plan de relance de l’apprentissage annoncé début juin, qui vise à rendre ces contrats plus attractifs pour les employeurs.
Nouvelles formes de précarité
La situation des jeunes dans l’enseignement supérieur est moins nette. Cependant, l’Apec a constaté, fin avril, une chute de 69 % du nombre d’offres d’emploi pour les jeunes diplômés contre 62% pour les cadres. « La crise et ses conséquences vont accroître les inégalités à l’intérieur des générations et faire naître de nouvelles formes de précarité, résume Antoine Dulin, qui représente les organisations étudiantes et mouvements de jeunesse au Conseil économique social et environnemental. Des jeunes qui étaient sur le fil du rasoir risquent de tomber dans la grande pauvreté. »