«Un djihadiste intégral»
Tyler Vilus, dont le procès a dû être interrompu jeudi, encourt la réclusion criminelle à perpétuité
Pendant près d’une heure, l’avocat général a tenté de puiser dans ses dernières forces. Lui qui, pendant le procès du djihadiste Tyler Vilus – le premier Français jugé par la cour d’assises spéciale pour des meurtres en Syrie –, a fait la démonstration de sa connaissance du dossier, a dû se résoudre à remettre à ce vendredi la fin de son réquisitoire. « Je suis très fiévreux et je rencontre des difficultés pour garder mon calme et ma lucidité », a-t-il expliqué livide, au bord du malaise, avant de demander une deuxième suspension d’audience pour tenter – en vain – de se remettre d’aplomb.
« Dialectique diabolique »
Au début de son réquisitoire, le magistrat s’était pourtant montré offensif, décrivant Tyler Vilus comme un « djihadiste intégral », dont l’intelligence est mise « au service d’une dialectique diabolique ». Arrivé en Syrie dès l’automne 2012, le Troyen de 30 ans a pris au cours de l’été 2013 la tête d’un groupe de combattants français. Bien qu’il ait reconnu les faits, il n’a eu de cesse, tout au long du procès, de minimiser son rôle, se présentant comme un porte-parole désigné par ses pairs pour négocier avec d’autres chefs de groupe. Cette version des faits n’a guère convaincu le représentant du ministère public.
Il n’est pas celui qui appuie sur la détente, mais il apparaît au premier plan de la vidéo.
Mais c’est pour sa participation à un double meurtre, dont la vidéo a été diffusée sur Internet au printemps 2014, que Tyler Vilus encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Certes, il n’est pas celui qui appuie sur la détente, mais il apparaît au premier plan, à quelques mètres des victimes syriennes. Il assure avoir assisté par hasard à cette exécution publique. Pour l’avocat général, son positionnement « à côté de l’homme qui donnera le top et le bourreau » ainsi que son équipement (il a notamment un talkie-walkie à la main) font de lui bien plus qu’un simple témoin : « Il n’est pas celui qui tire, mais il est l’un de ceux qui participent à la sécurisation de la scène de crime. »