20 Minutes

«Un djihadiste intégral»

Tyler Vilus, dont le procès a dû être interrompu jeudi, encourt la réclusion criminelle à perpétuité

- Caroline Politi

Pendant près d’une heure, l’avocat général a tenté de puiser dans ses dernières forces. Lui qui, pendant le procès du djihadiste Tyler Vilus – le premier Français jugé par la cour d’assises spéciale pour des meurtres en Syrie –, a fait la démonstrat­ion de sa connaissan­ce du dossier, a dû se résoudre à remettre à ce vendredi la fin de son réquisitoi­re. « Je suis très fiévreux et je rencontre des difficulté­s pour garder mon calme et ma lucidité », a-t-il expliqué livide, au bord du malaise, avant de demander une deuxième suspension d’audience pour tenter – en vain – de se remettre d’aplomb.

« Dialectiqu­e diabolique »

Au début de son réquisitoi­re, le magistrat s’était pourtant montré offensif, décrivant Tyler Vilus comme un « djihadiste intégral », dont l’intelligen­ce est mise « au service d’une dialectiqu­e diabolique ». Arrivé en Syrie dès l’automne 2012, le Troyen de 30 ans a pris au cours de l’été 2013 la tête d’un groupe de combattant­s français. Bien qu’il ait reconnu les faits, il n’a eu de cesse, tout au long du procès, de minimiser son rôle, se présentant comme un porte-parole désigné par ses pairs pour négocier avec d’autres chefs de groupe. Cette version des faits n’a guère convaincu le représenta­nt du ministère public.

Il n’est pas celui qui appuie sur la détente, mais il apparaît au premier plan de la vidéo.

Mais c’est pour sa participat­ion à un double meurtre, dont la vidéo a été diffusée sur Internet au printemps 2014, que Tyler Vilus encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Certes, il n’est pas celui qui appuie sur la détente, mais il apparaît au premier plan, à quelques mètres des victimes syriennes. Il assure avoir assisté par hasard à cette exécution publique. Pour l’avocat général, son positionne­ment « à côté de l’homme qui donnera le top et le bourreau » ainsi que son équipement (il a notamment un talkie-walkie à la main) font de lui bien plus qu’un simple témoin : « Il n’est pas celui qui tire, mais il est l’un de ceux qui participen­t à la sécurisati­on de la scène de crime. »

 ??  ?? Tyler Vilus, au premier jour de son procès, le 25 juin.
Tyler Vilus, au premier jour de son procès, le 25 juin.

Newspapers in French

Newspapers from France