20 Minutes

« L’odeur du sang a remplacé l’odeur de poudre »

- Caroline Politi

L’horreur a surgi sans crier gare, le 7 janvier 2015, vers 11h30. Ce jour-là, l’équipe de maintenanc­e dirigée par Frédéric Boisseau vient faire des repérages dans un nouvel immeuble qui leur a été attribué, dans le 11e arrondisse­ment de Paris. La routine jusqu’à ce que cette porte s’ouvre brusquemen­t. « On a juste eu le temps de lever la tête avec Frédo, et là, un mec est entré, a crié “Charlie” et a tiré un seul coup», se souvient Jérémy, mardi, devant la cour d’assises spécialeme­nt composée qui juge depuis le 2 septembre les 14 accusés des attentats de janvier 2015.

«Son regard s’est figé»

Les mains accrochées à la barre, l’agent de maintenanc­e raconte ce tête-à-tête avec les frères Kouachi qui cherchent l’entrée de la rédaction de Charlie Hebdo. Cette phrase lui a probableme­nt sauvé la vie : « On est de la maintenanc­e. » Ce n’est que lorsque les deux terroriste­s quittent la loge, poursuivan­t leur parcours criminel, qu’il entend Frédéric Boisseau appeler à l’aide. «Jérémy, je suis touché, appelle Catherine », lui demande-t-il. La violence du choc l’a fait tomber de sa chaise, «l’odeur du sang a remplacé l’odeur de la poudre». Jérémy tente un point de compressio­n. Les frères Kouachi viennent de faire leur première victime. « Frédo m’a regardé et m’a dit : “Dis à mes enfants que je les aime”, confie-t-il à la barre. Son regard s’est figé, j’ai compris plus tard qu’il était mort. Moi, j’y croyais encore. »

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Frédéric Boisseau est la première victime de la tuerie à Charlie Hebdo.

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