Taxis et VTC sur une mauvaise voie
La crise sanitaire touche durement les chauffeurs parisiens
Boulevard de Vaugirard, à Paris (15e). Sur plusieurs centaines de mètres, des taxis patientent en file indienne devant l’entrée de la gare Montparnasse, en attente de rares voyageurs. « Avant l’épidémie de Covid-19 et le confinement, on attendait entre quinze et vingt minutes pour avoir une course, explique un chauffeur. Depuis quelques mois, il faut compter plus d’une heure.»
Chiffres catastrophiques
Environ 18 000 taxis et 20 000 VTC opèrent dans et autour de la capitale. Pendant des mois, les touristes étrangers ne sont pas venus, bloqués par les restrictions sanitaires et la mise sous cloche du trafic aérien. Et lorsqu’ils ont pu venir, ils ont préféré les grands espaces aux métropoles. Début août, l’Ile-de-France accusait un déficit de 16 millions de voyageurs par rapport à l’année dernière. «Paris a aussi perdu sa clientèle d’affaires », relevait cet été Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme, en raison de l’annulation de nombreux séminaires et salons.
Tout cela pèse sur le chiffre d’affaires des taxis et des VTC. Chez Uber, une porte-parole confirme à 20 Minutes que l’activité est loin d’être revenue à la normale : «Le niveau des réservations brutes de trajets [chiffre d’affaires] en France s’est redressé pour atteindre environ 70% de son niveau pré-Covid.
Le niveau des réservations vers les aéroports français a retrouvé environ 40 % de son niveau pré-Covid.» Face à ces chiffres catastrophiques, le gouvernement a décidé d’inclure les taxis et VTC dans le plan tourisme présenté en juin. Il prévoit notamment une exonération du paiement des cotisations sociales sur la période comprise entre mars et juin 2020. Un soulagement pour la profession, même si les perspectives restent très incertaines.
A Montparnasse, les chauffeurs de taxi sont fatalistes. « C’est clairement ma pire rentrée », témoigne Amokrane, qui exerce depuis 2012. Comme nombre de ses collègues, il s’est rabattu sur les gares, où se concentre désormais l’essentiel de son activité. « L’année dernière, à la même époque, je faisais entre 15 et 17 courses par jour, poursuit-il. En ce moment c’est plutôt entre 3 et 4 ».
«Si ça continue comme ça, je reprendrai mon ancien travail.» Zephir, chauffeur de taxi
Quand on lui parle de l’avenir, il se montre philosophe : « Je suis chauffeur locataire, donc je n’ai pas de licence à rembourser. Et puis, j’ai mon permis poids lourd, donc je pourrai toujours changer si jamais je touche le fond. » Egalement chauffeur de taxi, Zephir a lui aussi un plan B en cas de grosse galère : « Si ça continue comme ça encore quelques mois, je reprendrai mon ancien travail dans le bâtiment. »