20 Minutes

Taxis et VTC sur une mauvaise voie

La crise sanitaire touche durement les chauffeurs parisiens

- Nicolas Raffin

Boulevard de Vaugirard, à Paris (15e). Sur plusieurs centaines de mètres, des taxis patientent en file indienne devant l’entrée de la gare Montparnas­se, en attente de rares voyageurs. « Avant l’épidémie de Covid-19 et le confinemen­t, on attendait entre quinze et vingt minutes pour avoir une course, explique un chauffeur. Depuis quelques mois, il faut compter plus d’une heure.»

Chiffres catastroph­iques

Environ 18 000 taxis et 20 000 VTC opèrent dans et autour de la capitale. Pendant des mois, les touristes étrangers ne sont pas venus, bloqués par les restrictio­ns sanitaires et la mise sous cloche du trafic aérien. Et lorsqu’ils ont pu venir, ils ont préféré les grands espaces aux métropoles. Début août, l’Ile-de-France accusait un déficit de 16 millions de voyageurs par rapport à l’année dernière. «Paris a aussi perdu sa clientèle d’affaires », relevait cet été Didier Arino, directeur général du cabinet Protourism­e, en raison de l’annulation de nombreux séminaires et salons.

Tout cela pèse sur le chiffre d’affaires des taxis et des VTC. Chez Uber, une porte-parole confirme à 20 Minutes que l’activité est loin d’être revenue à la normale : «Le niveau des réservatio­ns brutes de trajets [chiffre d’affaires] en France s’est redressé pour atteindre environ 70% de son niveau pré-Covid.

Le niveau des réservatio­ns vers les aéroports français a retrouvé environ 40 % de son niveau pré-Covid.» Face à ces chiffres catastroph­iques, le gouverneme­nt a décidé d’inclure les taxis et VTC dans le plan tourisme présenté en juin. Il prévoit notamment une exonératio­n du paiement des cotisation­s sociales sur la période comprise entre mars et juin 2020. Un soulagemen­t pour la profession, même si les perspectiv­es restent très incertaine­s.

A Montparnas­se, les chauffeurs de taxi sont fatalistes. « C’est clairement ma pire rentrée », témoigne Amokrane, qui exerce depuis 2012. Comme nombre de ses collègues, il s’est rabattu sur les gares, où se concentre désormais l’essentiel de son activité. « L’année dernière, à la même époque, je faisais entre 15 et 17 courses par jour, poursuit-il. En ce moment c’est plutôt entre 3 et 4 ».

«Si ça continue comme ça, je reprendrai mon ancien travail.» Zephir, chauffeur de taxi

Quand on lui parle de l’avenir, il se montre philosophe : « Je suis chauffeur locataire, donc je n’ai pas de licence à rembourser. Et puis, j’ai mon permis poids lourd, donc je pourrai toujours changer si jamais je touche le fond. » Egalement chauffeur de taxi, Zephir a lui aussi un plan B en cas de grosse galère : « Si ça continue comme ça encore quelques mois, je reprendrai mon ancien travail dans le bâtiment. »

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Environ 18000 taxis et 20000 VTC opèrent dans la capitale.

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